La fin de l’illusion est une
exploration, une remise en question de nos idées sur l’existence. Il s’agit d’examiner
notre expérience directe du moment pour découvrir si les idées que nous avons sur
la vie cadrent bien avec elle.
Les idées ne nous disent pas ce qu’est la vie. Les
descriptions d’un soi et d’un monde, d’un passé, d’un présent et d’un futur, de
libre arbitre et de destinée – ces idées ne correspondent ni ne s’appliquent à
ce qui est. Elles sont construites autour d’idées de forme et nous ne pouvons
trouver aucune forme stable.
Toute forme se métamorphose pour finalement
disparaître. Les formes ne sont pas la réalité ; ce sont des apparences
illusoires.
Peut-être pouvons-nous arrêter de croire aux illusions
de la pensée ?
Étroitement focalisés sur le penser et le faire, nous ne pouvons jamais reconnaître le
mouvement de la vie. S’il est vu que les histoires de forme sont fausses, s’il
est réalisé qu’aucune histoire n’a cours, la fixation sur ces interprétations
illusoires tombe. La vie survient simplement sans avoir besoin d'être définie
de quelque façon que ce soit.
Dépouillée des oripeaux dont nous avons été de tout
temps encouragé à la revêtir, la vie se révèle comme un incessant et mystérieux
processus.
Seul est l’ineffable, l’insaisissable et merveilleux
mouvement de l'existence...
L’écriture de Darryl Bailey est limpide, et
rafraîchissante dans sa simplicité affranchie de tout dogmatisme.
Ouvrage publié aux Éditions Accarias-L'Originel
Extrait de l'ouvrage :
L’existence n’a pas de contours,
elle ne peut donc être comprise comme quoi que ce soit en particulier.
Il semble important de le noter
car la plupart des gens sont empêtrés dans l’idée de cultiver une certaine compréhension
de l’existence, dans le but de mettre un terme au conflit. Bien que la
perception puisse être utile dans une mesure limitée, c’est en fin de compte
une focalisation sur des formes là où aucune forme
n’existe réellement ; par conséquent c’est une focalisation sur
l’illusion.
C’est la frustrante tentative
d’imposer une forme au mouvement, une tentative de figer la vie, mentalement et
physiquement, alors que la vie va toujours pousser au delà de ces limites
imposées. Cette tentative de résister au mouvement de la vie est conflit ;
elle ne peut apporter un terme au conflit.
La focalisation obsessive sur des
idées de forme est toujours frustrante et rend impossible la réalisation de
quelque chose d’autre.
Q : Qui est ?
DB : Que tout est mouvement,
mouvement indéfinissable. Il n’y a aucune
indication, nulle part, que nous contrôlions cette action, car à l’évidence
nous ne créons pas notre propre mouvement. Nous ne créons pas l’incessant et
toujours changeant mouvement de nos envies, de nos intérêts, élans, aptitudes,
inclinations et potentiels.
Les formes imaginaires dans un
nuage ne gouvernent pas l’action de ce nuage et les formes imaginaires dans
l’existence ne dirigent pas l’action de l’existence.
Q : Mais ceci est encore
une autre pensée.
DB : Oui. C’est pourquoi je
dis que je ne peux décrire les plus profonds aspects de la liberté. Le plus que
peuvent faire la perception et la pensée est de révéler leurs propres
contradictions. La pensée réalise simplement qu’elle ne peut décrire ce dont nous
faisons réellement l’expérience. Même l’idée d’expérience est impropre.
Si cette réalisation se produit,
la focalisation obsessive sur la perception et la pensée est lâchée. L’action
que nous appelons perception et pensée continue à se présenter, mais c’est une
survenue qui ne peut être expliquée de quelque manière que ce soit.
Q : Comment en
arrive-t-on là ?
DB : Nous n’avons pas besoin d’y venir ; nous n’en
sommes jamais partis. Nous sommes cela. Tout ce dont il est besoin est de
s’éveiller à cela. En fait, personne n’a besoin de s’éveiller à cela, mais la
vie peut prendre cette direction, que cela vous plaise ou non.
Lorsque vous demandez :
« Comment en arrive-t-on là ? », vous présumez que nous sommes
une conscience dans un corps qui peut influer sur la vie, et que d’une façon ou
d’une autre nous avons perdu quelque chose auquel nous devons revenir, que
d’une façon ou d’une autre nous sommes séparés de notre entièreté, séparés de
notre potentiel véritable. Mais tout cela est une illusion s’appuyant sur
l’apparence de formes.
L’existence est mouvement. Quoi
que nous soyons en ce moment, quoi que nous fassions en ce moment, est un
inexplicable mouvement s’accomplissant lui-même. Rien ne peut y être ajouté et
rien ne peut en être retranché.
Lorsque je parle de cette action
ou mouvement, je ne désigne pas quelque chose qui doive être développé ou
cultivé, ni atteint. Je dis simplement que c’est ce qui est déjà.
Les gens qui s’appliquent à
devenir riches ou tentent d’être célèbres sont simplement mus dans ce sens. Et
les gens qui mènent des vies charitables ou réalisent un apparent éveil
spirituel sont mus dans cette direction là.
Q : Mais c’est influencé
par des choses variées, par d’autres personnes et par les évènements.
DB : Il paraît en être ainsi.
Mais si nous examinons ces choses et ces évènements variés et le comportement
de ces gens, nous découvrons qu’ils sont irrésistiblement poussés à aller dans
le sens où ils vont par leur nature intrinsèque. Et nous sommes
irrésistiblement poussés à leur répondre de la manière dont nous le faisons par
notre nature intrinsèque.
Cela change tout le temps.
Généralement de manière subtile, mais parfois aussi, radicalement. Nous ne
sommes pas enfermés dans un mode de réaction. La façon dont cette réaction se
manifestera la fois suivante n’est pas précisément prévisible. Il y a des
tendances générales mais elles ne se répètent jamais exactement à l’identique.
En tant que nouveau-né, quelque
chose se passait qui ne requérait aucun effort ni aucune compréhension
délibérée. Cela n’est jamais parti. Il n’y avait aucun vous faisant quoi que ce
soit à l’époque. Il n’y a aucun vous faisant quoi que ce soit maintenant.
Q : Comment vivrait-on
avec ce sens des choses ?
DB : Simplement tels que
nous sommes maintenant. Il n’est personne pour « faire » le voir,
l’écoute, le toucher, le goûter, le sentir ou le penser. Il s’agit d’un
fonctionnement automatique. Il n’est en réalité aucun voir, aucune écoute,
aucun toucher, aucun goûter, aucun sentir ni penser. Ce sont des étiquettes
acquises et des notions erronées de division et de forme.
© Publié avec l'accord des Éditions Accarias-L'Originel