Naître de l'éveil
Depuis notre naissance nous sommes le voyageur immobile, que nous soyons engagés ou non dans un parcours spirituel. Cette continuité que nous sommes est semblable à un fil invisible sur lequel s'égrènent les perles des minutes, des heures et des années. Les jours se succèdent et disparaissent, mais que reste-t-il ? La même base immuable.
Ce n'est pas au bout d'un chemin d'efforts que nous réalisons notre Nature. C'est en se relâchant profondément de l'intérieur. C'est en maintenant le doute et l'affairement que nous négligeons et manquons l'immuable simplicité. Nous reportons la compréhension en nous permettant d'espérer. Arriver, c'est s'accueillir enfin. C'est comprendre que l'on n'était jamais parti. L'éveil est en notre origine, aussi toute implication, toute tentation à l'effort nous retient et nous place dans l'attente d'une confirmation impossible.
Tournez-vous vers « Celui » qui veut appliquer des méthodes ou qui veut se rendre quelque part, parce qu'aucune méthode, aucun déplacement n'est possible sans lui. Pourquoi ne pas se tourner vers « Soi », « Celui » qui veut accomplir tout cela ? Il ne s'agit plus de suivre des théories, mais de se rendre à la Source, d'être en notre coeur. Il n'est pas question de nous projeter dans un nouveau pas en avant, mais d'atterrir en nous. C'est à notre compréhension de bouger différemment, pas à nous. Nous tentons désespérément d'atteindre une autre cible alors que le but réside dans la simplicité, au-delà de tout.
Bien que tous nous appartenions à la Nature éveillée, le fait de le savoir, de le déduire et de s'en donner des preuves ne suffit pas pour que notre éveil prenne effet sur le plan relatif. En avoir conscience peut changer notre vision actuelle, nous donner un recul et une inspiration, mais c'est tout. L'éveil, en tant qu'événement, ou pourrait-on dire « non-événement », doit se produire réellement, ici, dans notre vie. Il deviendra effectif quand, enfin, nous l'accueillerons et que d'un coup la vérité de notre Nature éclatera, supplantant définitivement toute autre compréhension relative. Bien qu'au niveau absolu tout soit déjà parfait, du point de vue relatif nous pouvons dire qu'il y a un « avant» et un « après ».
L'éveil est la réalisation du Don infini qui nous porte. S'éveiller, c'est actualiser le Don absolu, parce qu'enfin nous le recevons en nous reconnaissant en lui, tel que nous sommes, tel que nous avons toujours été. Cet « avènement » nous change à jamais. C'est une révolution. Bien qu'ordinaire, il nous bouleverse parce qu'il est comme une renaissance. Rien dans cette vie jusqu'alors n'avait eu autant de signification, hormis notre venue au monde. S'éveiller, c'est véritablement renaître, naître de l'éveil. Même si tout était déjà accompli, ce qui diffère, c'est qu'enfin en lui, nous resplendissons.
Ne soyez pas inquiets si cela vous échappe. Restez constants, endurants, votre Nature finira bien par s'imposer. La vie est généreuse. Comment le voir si nous ne la recevons pas dans son aspect le plus vivant, si nous ne nous recevons pas ici, dans l'instant ? Donnez-vous une pause. Retrouvez-vous, accueillez-vous. Que vous soyez ou non en action, cessez de vous compromettre et de vous perdre dans le « faire». Au cour des retrouvailles, voyez, entendez, identifiez « ce » qui reste, libre de toute intervention, « ce» qui persiste et qui se donne. Goûtez cette gratuité. Nous pouvons « faire » autant qu'il nous plaît, car en fait « cela » ne se situe pas à ce niveau.
Tout est toujours bien plus simple, bien plus évident que nous ne le pensons, parce que justement nous le pensons. Nous ne pouvons pas être plus proches de nous, plus proches de la Vérité ou plus proches du Bonheur. Seule une idée, une émotion peut mettre une illusion de distance, une illusion d'une chose à parfaire. Plutôt que d'assumer vos idées, vos doutes ou vos révoltes, décidez de vous assumer « vous ». Nous nous lançons à la recherche d'un soi, mais nous n'examinons pas celui-là même qui veut agir. Ainsi, de par notre attitude, nous nous évitons et nous poursuivons des buts qui ne nous concernent pas directement.
L'éveil ne nous conduit pas à une conscience plus élevée, il nous place dans la connaissance de ce que « nous Sommes ». Retrouvez-vous en « Celui », l'Être complet que vous étiez dès la naissance. Retrouvez-vous en « Celui » qui est immobile, immuable et qui ne vous a jamais quitté. Sans « Celui » là, il n'y a pas d'éveil. La sagesse vient de se connaître et non de s'appliquer à une conduite sage ou à devenir un spécialiste de la sagesse. Nous n'avons pas à obtenir un « état» qui s'appelle éveil, car tout « état» appartient à la Nature éveillée.
La réalisation ne fait pas de nous des surhommes. Elle n'a pas fait de moi un être extraordinaire, mais au lieu de cela elle m'a rendu à moi-même et m'a révélé la richesse de l'ordinaire. Je ne me sens donc supérieur en rien. Simplement, je m'émerveille au contact de la vie et de son pouvoir jaillissant d'amour infini; pouvoir, dont nous sommes tous porteurs. En tant qu'humains, nous ne sommes pas juste « dans une vie », mais nous sommes la Vie. À présent, je la goûte enfin. Je l'actualise depuis le coeur, duquel bonté et joie s'élèvent tout comme les senteurs d'une fleur. Paisible, je vais, libre des craintes et des espoirs. J'ai mis fin aux luttes, ainsi qu'aux jugements. Il n'y a plus d'enjeu pour me faire courir. Ne m'appuyant plus sur mes idées, ni sur mes rêves, je vais « passant », tel un voyageur, comblé dans la présence spontanée de l'Être, savourant le bonheur à la Source.
Extrait de L'éveil Ordinaire de Denis Marie
avec l'accord des Éditions Antoni - L'Originel
Site de Denis Marie : http://eveilordinaire.denismarie.net
2 commentaires:
En communion totale avec vous Denis. Merci pour ce partage exprimé avec une simplicité qui va droit au coeur.
Nicole.
A mon ami Denis qui a su toucher mon coeur ton ami yves
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