vendredi 5 avril 2019

• Il n’y a rien de tel que l’ego - Alan Chadwick (Sâdhu Arunachâla)


Alan Chadwick (Sâdhu Arunachâla) rencontra le regard de lumière et l’éloquent silence de Ramana Maharshi un beau jour de 1er novembre 1935, à Tiruvannamalai. À partir de ce jour, il consacra sa vie à la présence auprès du Sage. Il resta au Srî Râmanâsramam jusqu’en 1962 quand il quitta son corps, douze ans après le mahâsâmadhi de Râmana Mahârshi.
Alan Chadwick vit au jour le jour près de Ramana, ce qui donne un texte d’une grande précision sur la vie quotidienne du Maharshi, sur la vie de l’ashram et sur son enseignement direct. Il nous révèle de nombreuses histoires et dénonce quelques fausses légendes. Il rétabli la vérité sur certaines rencontres avec des célébrités et décrit un homme ayant de l’humour. L’auteur reproduit de nombreux dialogues entre les disciples ou visiteurs et le Mahârshi.
Bhagavân a certainement un message particulier pour l’Occident, ses arguments purement rationnels et ses enseignements dépourvus de tout exotisme et formalisme répondent à la pensée occidentale. Il ne prêche jamais ni n’impose une loi, mais invite toujours le chercheur à se tourner vers lui-même. 
Tout le secret réside dans le fait suivant : sommes-nous attachés ou non à nos actions ? Celui qui abandonnera tous ses attachements, réalisera le Soi le plus rapidement. Le faux sens du « je » doit disparaître, car c’est cette limitation qui créée la servitude. La libération est la délivrance de cet asservissement.
A la fois instructif et rafraîchissant, ce livre vivant nous ramène à l’essentiel, ici et maintenant. 

© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias-L'Originel

 Bhagavān me dit un jour que la pensée lui vient comme un flash, aucune n’est continue. C’est comme le cycle d’un courant alternatif, mais il est si rapide qu’il semble continu comme la lumière émise par une ampoule électrique. Si l’on pouvait seulement se concentrer sur les intervalles [sandhientre les pensées plutôt que sur les pensées elles-mêmes, cela serait la réalisation du Soi.
Il dit toujours que le mental et les pensées sont exactement la même chose.
Le mental n’est rien d’autre que de nombreuses pensées (Upadesha saram, V, 18).
Et aussi que l’ego et le mental sont identiques et surviennent ensemble.
L’ego survient, de même tout autre chose survient (Ulladu nārpadu, V, 26).
L’ego, la racine de toute pensée (Ibid, V, 40).
Oui, certainement, mais, le mental, en vérité, n’est que la pensée “je” (Ibid, V).
L’ego est aussi impermanent que les pensées et n’a en vérité aucune existence qui lui soit propre. Les bouddhistes ne disent-ils pas qu’il n’y a rien de tel que l’ego ? Ce qui nous amène naturellement à l’Advaïta.
Actuellement, l’Advaïta n’est pas ce qu’il en est dit dans le monisme, ni une réplique pour éviter les difficultés. Le mot signifie, bien entendu, « non-deux », mais ce n’est pas l’équivalent de l’Un, bien que, pour le penseur ordinaire, il n’est pas facile de voir où est la différence. Mais, si nous l’appelons « monisme », cela implique toute une série : un, deux, trois, etc. En vérité, aucune série n’existe, il n’y a que non-deux [a-dvaïtanon divisé, unique]. C’est là en apparence mais, malgré cela, c’est impermanent et illusoire. Cette manifestation illusoire est appelée māyā, laquelle est souvent prise dans le sens d’illusion, mais, en vérité, elle signifie « ce qui n’est pas », ou ce qui pose une limite sur ce qui est illimité. En fait, nous sentons toute chose, tout étant dans le mental, et les sens sont son seul instrument. Aussi, en réalité, n’y a-t-il aucune illusion, mais qu’impermanence.
La même vérité se trouve derrière toute chose. Alors quelle est la solution, voyant que tout est impermanent et n’est qu’apparence ? Cela, enseigne Bhagavān, s’applique aussi à nos corps et même à nos egos, que nous considérons comme très importants, mais que nous voyons maintenant comme autant d’ombres illusoires. Il n’y a là rien de désespérant car, même derrière l’apparence la plus illusoire, il doit bien y avoir quelque chose qui apparaît. Nous nous jetons de côté comme nous pensons voir un serpent alors que ce n’est qu’une corde. Mais, même si le serpent est bien irréel, la corde, elle, est bien là. Aussi, la seule et évidente solution à notre énigme est de chercher et de trouver la permanence derrière l’impermanence.
C’est la solution de Bhagavān, et il nous enseigne comment la mettre en pratique à travers sa méthode de l’investigation du Soi. Bien que l’ego change d’instant en instant, bien que nous soyons des personnes différentes au fur et à mesure que nous passons par chaque étape de notre vie, il y a toujours eu pour nous un « je ». Mais ce n’est évidemment pas l’ego, car nous avons déjà vu que l’ego change d’instant en instant, alors que le « je » a toujours été là en tant que témoin. Remontons à sa source. Et, à travers cette méthode de la recherche du Soi, nous le réaliserons éventuellement.