samedi 31 mai 2025

lundi 26 mai 2025

• Nous sommes la Conscience qui s'exprime sous forme humaine - Swami Atmananda Udasin

 

« Si vous vous asseyez tranquillement avec vous-même, Cela qui est vivant en vous vous amènera à la Reconnaissance de ce que vous êtes. La vraie tranquillité est celle de votre Être véritable. Lorsqu'Il est connu et vu, Il se reflétera dans le mental. S'asseoir tranquillement avec soi-même déclenchera certainement l’Éveil.
Cependant, la ‘cause’ de cet Éveil n'est pas votre pratique de l’assise silencieuse. C'est cette même Réalité, en fait, qui prend conscience d'Elle-même malgré l'opacité du mental. Dans cette vision, vous comprenez vraiment qu'Elle a toujours été consciente d'Elle-même. Et c'est là le plus grand mystère ! Vous vous rendez compte qu'il n'y a jamais eu d'opacité du mental, qu’il n'y a jamais eu de mental, qu’il n'y a même jamais eu un être humain...
Dès que la Conscience vibre, elle se manifeste à travers des formes limitées. L'Infini se manifeste comme limité. L'Intemporel, l'Éternel, le Non-né s’exprime dans ce qui est né, dans le temps, dans la forme. L'Infini assume le limité en lui-même et tout ce que vous voyez à travers vos perceptions phénoménales est en fait la Conscience.
On voit bien que les formes phénoménales ont tendance à évoluer vers la sensibilité. Ce n'est pas que ces formes contiennent de la Conscience - c'est la Conscience qui assume des formes d'énergie. Ce que nous sommes vraiment n'est pas le corps qui porte la Conscience, mais plutôt la Conscience qui porte le corps. En vérité, nous ne sommes pas des "êtres conscients", nous sommes la Conscience qui s'exprime sous forme humaine.»
Swami Atmananda Udasin est un enseignant de l'Advaita (Non-dualité) et l'Āchārya de l'Ajatananda Ashram, à Rishikesh, en Inde.

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vendredi 16 mai 2025

• Un rêve qui n'en est pas un - Patrice


L'éveil est totalement impersonnel.
En faire l'expérience est profondément intime.

Durant la nuit dernière, j’ai fait à nouveau ce que les tibétains appellent un « rêve de clarté ». Ce n’est pas un rêve ordinaire, mais un rêve significatif, où des aperçus d’éveil, comme ce fut le cas ici, peuvent parfois se produire, laissant une empreinte indélébile dans l’esprit, le corps énergétique, et toutes les cellules.

Bien que difficile à décrire, ce qui se rapprocherait le plus serait de dire que tout était reconnu comme étant identique, le même, et d’une seule et même saveur, tout en reconnaissant la particularité singulière de tout ce qui apparaissait. Aucune séparation n’était perçu entre la totalité de la manifestation et la conscience même. Tout, absolument tout, n’est en fait qu’une manifestation de la Conscience, tout comme les vagues sont, chacune individuellement, la manifestation de l’océan, et portent en elles la conscience du Tout.

Bien que la notion d’un soi séparé avait disparu, paradoxalement, cela était ressenti et vécu de façon profondément intime, car tant que demeure l’apparence d’un corps-mental, en tant que support de la Conscience incarnée, il reste un point focal dans un espace et un temps relatifs, sur lequel se reflète chaque expérience.

De même, sans qu’il y ait la moindre forme d’individualité (le moi identifié se trouvant totalement absent) une immense joie et une paix infinie étaient ressentis, comme une sorte de jubilation pour la Conscience qui se reconnaissait en tout être et toute chose.

Quel paradoxe joyeux !

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Un nouveau « rêve de clarté » s’est produit, quelques semaines seulement après le précédent : J’assistais à un enseignant d’un de mes maîtres tibétains, décédé il y a déjà quelques années.

À peine l’enseignement commencé, j’ai tout de suite ressenti l’intensité qui régnait, et j’ai eu le pressentiment qu’il allait se passer quelque chose de spécial. J’ai donc ravivé la présence en moi.

À un moment donné, j’ai su que c’était, maintenant, le moment crucial. L’attention était à son paroxysme. Soudain, Rinpoché a hurlé dans le micro la syllabe "PHET", propre à la tradition Dzogchen et comme il le faisait parfois, afin d’introduire à la nature de l’esprit.

À cet instant précis, tout s'est dissous, tout a disparu. Il n’y avait plus rien : plus de monde extérieur, plus de salle, plus d’auditeurs, plus de Rinpoché, plus de moi et, au coeur même de ce rien, pourtant, la Présence lumineuse, éveillée depuis toujours ! Un pur sentiment d’être, totalement impersonnel, atemporel et indicible, se révéla, et se reconnu à nouveau.

Paradoxalement, ce n’était pas un évènement extraordinaire en soit. Il y eu juste comme une coupure net dans le conditionnement et l’identification habituels, et s’en est suivi comme un glissement dans sa condition naturelle et originelle, identique à celle de Rinpoché.

J’ai alors joint les mains avec un profond sentiment spontané de gratitude.

Le soleil de l'Éveil 🌞 n'a jamais cessé de briller.


les réaction

lundi 12 mai 2025

• Ceci est appelé le Vrai Soi - Patrul Rinpoché

Lorsque l’esprit se sent heureux ou triste, déposez-vous sans distraction dans celui-là même qui ressent le bonheur ou la tristesse, et demeurez.

Quand on demeure dans la vacuité de son propre esprit sans conceptualisation et de façon spontanée, ceci est appelé le Vrai Soi.

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Permettez à votre propre esprit, vide et sans artifices, de se déposer dans quoi qu’il s’élève, naturellement.

Les pratiquants, hommes et femmes, qui souhaitent réaliser la vue authentique sans erreur devraient permettre à leur esprit de reposer dans la clarté vive, dans un état d’esprit inaltéré et vide. Lorsque l’esprit est tranquille, déposez-vous dans cette tranquillité, sans essayer de l’altérer en aucune manière. Lorsqu’il ne pense pas, déposez-vous directement dans cette absence de pensée, sans essayer de l’altérer. En bref, n’altérez pas l’esprit, mais déposez-vous directement à l’intérieur, quoi qu’il arrive.

N’essayez pas d’ajuster, d’améliorer, de bloquer ou de cultiver quoi que ce soit. Permettez à tout ce qui arrive de se déployer et déposez-vous directement en cela.

Ne repliez pas l’esprit sur lui-même. Et ne cherchez pas non plus à focaliser votre méditation sur quelque chose d’extérieur. Déposez-vous simplement, sans altération, dans l’esprit-même qui cherche et pense.

Vous ne trouverez pas l’esprit en le cherchant. L’esprit a toujours été vide. Nul besoin de le chercher. C’est celui-là même qui cherche. Déposez-vous simplement, sans distraction, directement en celui qui cherche.

« Ai-je compris ou non ? » ; « Y a-t-il quelque chose à observer ou non ? » ; « Est-ce que c’est ça ou pas ? » Peu importe ce qui survient dans l’esprit, déposez-vous simplement, sans rien altérer, dans l’esprit-même qui pense.

Peu importe les pensées qui s’élèvent – bonnes ou mauvaises, positives ou négatives, heureuses ou tristes – ne vous y complaisez pas, ne les rejetez pas non plus, mais déposez-vous, sans rien altérer, dans l’esprit-même qui pense.

Que ce qui s’élève soit désirable ou indésirable, déposez-vous simplement au moment de l’émergence, sans l’altérer.

vendredi 9 mai 2025

• Ce que vous appelez 'vous' n'est qu'une expression momentanée du 'tout' - Walter Russell

Tous les phénomènes de l'univers
sont de simples illusions en mouvement.
La réalité est dans le repos.

En mai 1921, le polymathe américain Walter Russell est entré dans un état de coma pendant 39 jours, au cours duquel il a affirmé avoir accédé à "la source de toutes les connaissances". Au réveil, il a écrit frénétiquement ce qu'il avait vu - des pages remplies de révélations philosophiques, scientifiques et spirituelles qui formeront plus tard la base de son manuscrit *The Universal One*. Bien qu'il ait envoyé ses conclusions à 500 esprits de premier plan de l'époque, presque tous l'ont rejeté comme fou, à l'exception d'un. Nikola Tesla, l'inventeur visionnaire, a été tellement frappé par les idées de Russell qu'il l'a exhorté à sceller l'œuvre pendant mille ans, insistant sur le fait que l'humanité n'était pas encore prête pour ses vérités.


Les révélations de Walter Russell ont réinventé la structure même de la réalité. Il a fait valoir que la matière n'était pas solide, mais que la lumière cristallisait ralentie par la pensée - que tout ce qui nous entourait, des roches aux corps humains, était composé de motifs de lumière, façonnés par la conscience. Il croyait que l'univers était fondamentalement mental, pas matériel, et que toutes les choses bougeaient en cycles rythmiques - l'expansion et la contraction, comme la respiration. Il a rejeté les opposés comme le bien et le mal comme des illusions, affirmant plutôt que tout cherchait l'harmonie et l'équilibre. Pour Russell, la mort n'était pas une fin, mais la libération de la lumière comprimée revenant à sa source. Même le temps, a-t-il affirmé, n'était pas linéaire, mais une spirale où le passé, le présent et le futur coexistaient.


Ces idées étaient radicalement en avance sur leur temps, mêlant la métaphysique, la dynamique des vagues et un profond sentiment d'unité universelle. Il croyait que l'électricité était une spirale vivante d'énergie, pas seulement des électrons en mouvement, et que le vide de l'espace était en fait une mer vibrante de potentiel inépuisé. La santé, à son avis, était le rythme naturel du corps, et la maladie était simplement une perturbation de ce flux. Bien qu'ignoré ou ridiculisé de son vivant, le travail de Russell attire maintenant une nouvelle attention à une époque où la physique quantique et les études de la conscience commencent à faire écho aux mêmes questions. Pour beaucoup, il n'est plus un excentrique oublié, mais un prophète d'un paradigme à venir.


mardi 6 mai 2025

• Il n'y avait plus la moindre séparation - Marc Marciszewer

Marc Marciszewer est un voyageur qui a parcouru de nombreux pays (Inde, Pakistan, Afghanistan...) pour trouver le chemin jusqu'à sa propre demeure : le Soi ultime. Les histoires relatées ici se déroulent entre 1974 et 1995, mais leur substance est atemporelle. Marc est un baroudeur de terres et de textes, de pays et de rencontres, de mœurs et de maîtres. Son texte nous invite aussi à un voyage vers notre propre Être intérieur. Ce sont des récits, des nouvelles, des réflexions, des méditations guidées, des histoires... On y rencontre certaines figures de la sagesse non duelle et de la poésie (entre autres, Jean Klein, Nisargadatta Maharaj, Neem Karoli Baba, Krishna Menon Atmananda, UG Krishnamurti, Arun Kolatkar).

Selon le niveau de lecture, on peut penser que l'Inde est ici au cœur du texte, ou bien le narrateur et ses rencontres ; on peut aussi y voir l'allégorie de la joie et de la douleur d'une recherche spirituelle buissonnière et du grand soulagement qui survient lorsque ce qui était depuis toujours évident se révèle enfin, mettant un terme à la fausse identification avec le personnage qu'on pensait être.

Ce livre célèbre une spiritualité ordinaire et quotidienne qui emprunte tous les chemins illusoires qui se présentent avant de réaliser qu'il ne peut y avoir aucun chemin (vers le Soi) parce que le Soi est toujours déjà là.


Marc est né à Paris dans les années 1950. Il embrasse la contre-culture beatnik à travers sa poésie, sa spiritualité et son mode de vie, avant de partir longuement au Maroc et en Israël, puis de passer dix années essentiellement en Inde, entre pratique assidue du Vipassana et l'enseignement de Krishnamurti. De retour en France, il découvre l'enseignement de Jean Klein, il suit des études de philosophie et de sciences de l'éducation. Pendant trente ans, il a également formé des sophrologues à son approche non duelle qu'il a baptisée " sophrologie de l'écoute ". Il a déjà publié Vivre en éveil, le processus transformateur (Alzieu éditeur, 1998), Le corps est conscience : aux sources de la sophrologie non duelle (Accarias-L'Originel, 2018), Maha Satipatthana - Se fondre dans l'être (Lanore, 2019) et a traduit plusieurs livres de Ramesh Balsekar ou de Tim Freke.


© Extraits publiés avec l'aimable accord des Éditions Almora


Marc n’était pas venu en Inde pour se défoncer, même si c’est ce qu’il faisait, en apparence du moins. Il ne rencontrait que des défoncés, et quand par hasard il tombait sur un adepte du yoga ou de la méditation, il le trouvait souvent tellement ennuyeux et creux qu’il retournait à ses compagnons de défonce. Eux au moins étaient vivants et non conformistes. Il avait beau se défoncer, il considérait cela comme une aventure spirituelle (et c’était bien avant que le

tantrisme ne devienne populaire, à la mode… et totalement dévoyé), et d’ailleurs, il lisait des livres spirituels, notamment la Bhagavad Gîta. Il en avait déniché un exemplaire de poche, en anglais, qu’il traînait toujours avec lui. Et bien sûr, il lisait et relisait le Siddharta de Hermann Hesse, son livre préféré depuis ses douze ans. Il ne le lisait plus du tout comme la première fois, désormais, il avait une petite expérience de vie qui conférait d’autres sens à ce merveilleux petit livre initiatique.

Un jour, il en eut vraiment assez de la défonce, ça ne servait plus à rien en tant que véhicule spirituel. Il en avait fait le tour, s’il continuait à présent, ce serait uniquement pour être dans un état de conscience altérée ou un autre, et il risquait de devenir accro, ce qu’il ne voulait pas du tout.

Stop, se dit-il. Il prit son sac, sa guitare, et il partit sans un mot à personne, vers la gare routière, où il sauta dans le premier bus qui partait, sans se soucier d’où il allait. Magie de l’Inde des seventies.

Quand on s’en remet à la vie, à la Vie plutôt, on n’est jamais déçu !

Le bus roula toute la nuit, et au petit matin, il s’arrêta au cœur d’un village. Marc décida de descendre là, et de

poursuivre à pied… ou de rester un moment, il verrait bien. Il était ouvert à tout, sauf à la défonce et à la délinquance.

Le village était très paisible, de jolies petites maisons blanches, quelques huttes en paille, des animaux et des humains qui semblaient insouciants tout en vaquant à leurs activités quotidiennes. Marc se rendit dans une tchaï-shop au bord du fleuve, et il y resta longtemps, observant toutes les scènes et les paysages. Il n’avait plus du tout l’impression d’être au xxe siècle, mais dans une sorte d’atemporalité vivante. Les femmes étaient belles et joyeuses, elles se lançaient des blagues qui finissaient en rires, alors qu’elles marchaient en groupes ou qu’elles lavaient le linge dans l’eau du fleuve. Les hommes avaient belle allure dans leurs vêtements blancs qui étincelaient sous le soleil, et les vieillards étaient assis sous un grand arbre, soit en silence les yeux fermés, soit en bavardant entre eux. À côté du grand arbre, il y avait un petit temple consacré à Shiva, et quelques prêtres et des renonçants y étaient rassemblés. Des paons braillaient en faisant la roue, des singes sautaient d’un toit à l’autre, des vaches se promenaient très lentement parmi les humains, des chiens jappaient, et Marc aperçut dans la rigole près de la Tchaï-shop un petit serpent qui glissait sans sembler se soucier des humains et des animaux.

Soudain, Marc sentit ses oreilles bourdonner très fort, ses yeux ne parvenaient plus à accommoder, il pensa qu’il était en train de s’évanouir, ça lui était déjà arrivé plusieurs fois depuis l’enfance, mais au lieu de cela, il disparut littéralement de la scène, et en une micro seconde, la totalité de son environnement se déployait en lui, mieux, ou pire : la totalité était lui-même. Il n’y avait plus la moindre séparation entre lui et le reste, et ses sens paraissaient décuplés : les sons, les odeurs, les saveurs, le toucher, la vision, tout était d’une intensité encore plus grande que sous acide…

sa pensée s’immobilisa, et le sentiment d’être Marc s’envola totalement.

Il ne sait combien de temps cela dura, mais quand il reprit conscience, des Indiens s’occupaient de lui, une femme lui faisait boire de l’eau, un homme lui humidifiait le front avec un linge mouillé, et un vieillard à grande barbe blanche et au regard très doux lui chuchotait des mots qu’il ne comprenait pas, sauf Moksha et Nirvana.

Il s’était donc bien évanoui, se dit-il. Mais il réalisa que quelque chose avait changé dans sa perception : il n’était plus au centre, en tant que Marc, mais Marc lui-même faisait partie de ce regard panoramique qu’il découvrait. C’était comme s’il regardait depuis l’arrière de son crâne, et il n’avait même plus besoin des yeux, en apparence. Les couleurs étaient vives et intenses, et il ne savait plus qui il était, ou ce qu’il était : Marc était vu comme un personnage de fiction ou de rêve, au même titre que dans les rêves. Mais il ne rêvait pas, il était bien réveillé. Pourtant, personne ne semblait remarquer son état bizarre, et il pouvait agir comme si de rien n’était… si ce n’est qu’il avait l’impression de ne plus être là en tant que Marc.