vendredi 16 mai 2025

• Un rêve qui n'en est pas un - Patrice


L'éveil est totalement impersonnel.
En faire l'expérience est profondément intime.

Durant la nuit dernière, j’ai fait à nouveau ce que les tibétains appellent un « rêve de clarté ». Ce n’est pas un rêve ordinaire, mais un rêve significatif, où des aperçus d’éveil, comme ce fut le cas ici, peuvent parfois se produire, laissant une empreinte indélébile dans l’esprit, le corps énergétique, et toutes les cellules.

Bien que difficile à décrire, ce qui se rapprocherait le plus serait de dire que tout était reconnu comme étant identique, le même, et d’une seule et même saveur, tout en reconnaissant la particularité singulière de tout ce qui apparaissait. Aucune séparation n’était perçu entre la totalité de la manifestation et la conscience même. Tout, absolument tout, n’est en fait qu’une manifestation de la Conscience, tout comme les vagues sont, chacune individuellement, la manifestation de l’océan, et portent en elles la conscience du Tout.

Bien que la notion d’un soi séparé avait disparu, paradoxalement, cela était ressenti et vécu de façon profondément intime, car tant que demeure l’apparence d’un corps-mental, en tant que support de la Conscience incarnée, il reste un point focal dans un espace et un temps relatifs, sur lequel se reflète chaque expérience.

De même, sans qu’il y ait la moindre forme d’individualité (le moi identifié se trouvant totalement absent) une immense joie et une paix infinie étaient ressentis, comme une sorte de jubilation pour la Conscience qui se reconnaissait en tout être et toute chose.

Quel paradoxe joyeux !

≈≈≈≈≈≈≈

Un nouveau « rêve de clarté » s’est produit, quelques semaines seulement après le précédent : J’assistais à un enseignant d’un de mes maîtres tibétains, décédé il y a déjà quelques années.

À peine l’enseignement commencé, j’ai tout de suite ressenti l’intensité qui régnait, et j’ai eu le pressentiment qu’il allait se passer quelque chose de spécial. J’ai donc ravivé la présence en moi.

À un moment donné, j’ai su que c’était, maintenant, le moment crucial. L’attention était à son paroxysme. Soudain, Rinpoché a hurlé dans le micro la syllabe "PHET", propre à la tradition Dzogchen et comme il le faisait parfois, afin d’introduire à la nature de l’esprit.

À cet instant précis, tout s'est dissous, tout a disparu. Il n’y avait plus rien : plus de monde extérieur, plus de salle, plus d’auditeurs, plus de Rinpoché, plus de moi et, au coeur même de ce rien, pourtant, la Présence lumineuse, éveillée depuis toujours ! Un pur sentiment d’être, totalement impersonnel, atemporel et indicible, se révéla, et se reconnu à nouveau.

Paradoxalement, ce n’était pas un évènement extraordinaire en soit. Il y eu juste comme une coupure net dans le conditionnement et l’identification habituels, et s’en est suivi comme un glissement dans sa condition naturelle et originelle, identique à celle de Rinpoché.

J’ai alors joint les mains avec un profond sentiment spontané de gratitude.

Le soleil de l'Éveil 🌞 n'a jamais cessé de briller.


les réaction