vendredi 4 août 2017

• Un abyssal repos - Richard Boyer


Quelque temps après le début de cette descente de la Force – qui ne s’est jamais interrompue depuis plus de trente ans - je vécus une première « percée » qui dura trois semaines. Durant ces journées, de jour comme de nuit, je perdis ma conscience habituelle de chercheur qu’animait ce flot descendant d’énergie.
Les limites de mon corps s’étaient évanouies et je me retrouvais identifié à une immensité vide pleinement éveillée. Ce corps n’était plus qu’un point infime dans la vaste expansion de l’âme. Cet espace totalement ouvert, clair et conscient, était la tranquillité même : une sorte de spectateur invisible, immobile, hors du temps et de l’espace, libre, à jamais libre de toutes les occurrences de la réalité. Sans aucune contrainte, aucune limite, aucune caractéristique. Un abyssal repos qui contemplait une réalité improbable et toujours en mouvement.
Cette réalité était la même qu’avant. Rien n’avait changé. Simplement « je » n’appartenais plus à ce monde de la forme. J’étais plein d’une insondable félicité, j’étais une perpétuelle, spatiale et immédiate présence, infiniment consciente d’elle-même. »