mardi 27 mars 2012

• La véritable infinité du Soi - John Greven

Un extrait lu de L'Un, la destination que vous n'avez jamais quittée, de John Greven (Éditions Non-Duality Press).

Suivant le niveau de conscience, l'idée même d'être une personne peut s'estomper et avec elle tout ce qui s'y rattache comme par exemple le fait que celle-ci puisse progresser.
John Greven apporte ici un certain soulagement par rapport à cette "crispation" qui peut se produire avec la présence du désir de "progresser" sur le chemin de l'illumination. Encore une fois, il est souligné que personne ne peut s'éveiller car l'éveil implique la dissolution de cette personne qui n'a jamais existée autrement qu'en tant que concept.

Merci à Ted.



Vu sur le blog de Laya, Perles de Bonheur


Vous êtes ce que vous cherchez.
Il n’y a rien à atteindre.
Ce qui est évident, mais peut-être non vu, est bien
plus que ce que vous avez – ou pouvez imaginer.
Ce message est simple.
Envisagez, ne serait-ce qu’un bref instant,
de lâcher toutes vos attentes sur ce qu’est
l’illumination ou la réalisation de soi.
Ce qui ne change pas est réel.
Ce qui change n’est qu’apparence.

*******

     Ce qui est simple et évident est souvent ignoré par le mental ou considéré comme allant de soi. Vous regardez une page et vous en voyez les mots, mais vous ne remarquez pas l’espace entre les mots. Vous voyez un film ou un programme de télévision, mais  sans remarquer la lumière changeante qui forme les images. Vous vous parlez mentalement et vous supposez que quelqu’un vous écoute. Le mental a l’habitude de se fixer sur le contenu. Au moment même où vous lisez ce paragraphe, le mental trie, place des étiquettes, et rejette tout ce qu’il juge sans valeur. Peut-être cherche-t-il quelque chose dans ces mots, peut-être existe-t-il une attente à combler ? Cependant si quelqu’un revenait en arrière pour vous montrer un passage dans le paragraphe, il est possible que vous découvriez alors quelque chose qui avait été là tout le temps, mais que vous n’aviez simplement pas remarqué.  Pendant tout ce temps, la réponse se trouvait peut-être juste en face de nous.

L’objectif de ce livre est de pointer vers ce que le mental peut avoir ignoré. Il ne s’agit pas de trouver « quelque chose » de nouveau, que vous pourriez atteindre ou ajouter à vous-même. Il n’est pas question non plus d’inventorier toutes les bonnes actions que vous avez pu accomplir dans votre vie, pour souligner quelle personne merveilleuse vous devez être. Il s’agit de pointer vers une chose si simple et si évidente que lorsqu’elle est vue, vous vous demandez comment vous avez pu la manquer.  Comment le mental a-t-il pu passer outre une telle évidence ? Comment peut-il si facilement rejeter un tel trésor au bénéfice de ses réflexions ?
Vous pouvez être en quête de l’illumination, la réalisation de soi, l’esprit du Bouddha, Dieu ou tout autre objectif de la même nature. Vous pouvez être en recherche depuis de très nombreuses années, ou bien en être juste au commencement. Que vous ayez suivi un chemin depuis longtemps ou que ce soient vos premiers pas, cela ne fait aucune différence. Ce livre vous invite à regarder l’espace qui a été ignoré, pour voir ce qui est évident et amener la recherche à sa fin… dès maintenant.
Si vous vous trouvez dans un enseignement depuis un certain temps, vous pouvez croire qu’avec plus de pratique, de méditation, de visualisation, d’amélioration ou d’étude, vous arriverez au sommet de la montagne. Mais les chemins, les pratiques, les exercices ne conduisent pas au sommet de la montagne. Vous pouvez voir que la montagne elle-même et les chemins qui la traversent, ne conduisent que vers eux-mêmes. Vous pouvez vous convaincre au cours du voyage, que vous avez gagné plus de sagesse spirituelle, de paix, de joie, d’amour ou tout autre attribut de valeur. Mais est-ce vraiment la réalité de votre expérience ? Êtes-vous réellement plus proche de la réalisation de soi que le premier jour où vous avez entamé votre recherche ? Le fait est que, si la recherche se poursuit, la réponse est non : vous n’êtes pas plus avancé.
Blog de John Greven : Oneness

jeudi 8 mars 2012

• Simplement laisser les nuées des apparences erronées se dissoudre...


Lorsque vous réalisez l'essence de l'état naturel, il n'y a rien d'autre à faire pour se libérer, si ce n'est simplement laisser les nuées des apparences erronées se dissoudre dans le ciel purissime de votre nature de Bouddha.

Lorsqu'on réalise la véritable nature de toute chose et que l'on s'ouvre à la Vacuité, il n'est plus rien que l'on puisse désigner ou dont on puisse dire quelque chose. L'objection suivante peut être alors soulevée  : "Si tel est le cas, comment le sens ultime peut-il être connu ou réalisé ?". La réponse est qu'à ce stade, l'on se trouve dans l'état du Discernement, également appelé Bodhicitta ultime ou Discernement Primordial. C'est la Vacuité telle qu'on l'expérimente du point de vue de la Réalisation, prenant en considération le fait que la Vacuité transcende la division entre conscience et objet. Il s'agit là d'une façon de parler de la Vacuité comme si celle-ci avait un aspect cognitif. En effet, se situer au-delà de la division sujet/objet ne fait pas de la Vacuité quelque chose d'irréalisable, ni de celui qui la réalise un objet inanimé sans aucune conscience.

Dudjom Rinpoché


La précieuse guirlande en quatre thèmes - Longchenpa

Longchenpa (1308-1364) est un maître de l’école Nyingmapa et l’un des patriarches les plus importants de l’histoire littéraire et spirituelle de la tradition bouddhique tibétaine. Son nom est connu de tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à la philosophie et aux enseignements bouddhiques car il a su parfaitement résumer les héritages de Padmasambhava et Vimalamitra et exposer les principes d’une subtilité proprement vertigineuse qui sont au cœur des enseignements de la Grande Perfection (Dzogchen).

Dans ce texte d’une densité extrême qui se présente sous la forme d’une guirlande spirituelle composée de quatre thèmes ou étapes, Longchenpa essentialise de manière magistrale la démarche entière du Dzogchen. Il s’agit d’un enseignement qui contient la quintessence des préceptes qui mènent à la liberté en une seule vie et dont les principes sont essentiellement centrés sur la reconnaissance directe de l’état naturel de l’esprit, c’est-à-dire le véritable mode d’être de la conscience individuelle. Les préceptes du Dzogchen ont ainsi pour point commun de révéler que l’essence fondamentale de l’esprit est primordialement pure et spontanément accomplie. Comme le souligne le tibétologue Jean-Luc Achard (CNRS) dans sa préface à l’ouvrage, avec ces textes, nous sommes en présence d’enseignements authentiques dont la pertinence et la portée rédemptrice sont entièrement maintenues, qu’ils s’adressent aux adeptes du XIVème siècle ou à ceux du XXIème siècle.
Cette Précieuse Guirlande en Quatre Thèmes bénéficie ici de nombreux commentaires oraux fournis par de grands patriarches Nyingmapas contemporains – dont Dudjom Rinpoché – qui en font un outil d’étude et de pratique exceptionnel.

Extrait publié avec l'accord des Éditions Jean-Louis Accarias-L'Originel :

"Reconnaître la base d'émergence spontanée des passions ou, littéralement, «leur propre condition naturelle» signifie reconnaître leur véritable nature vide. Ultimement, les pensées erronées ne peuvent être trouvées. Dans la mesure où elles émergent et se libèrent simultanément, à l'image de dessins tracés sur l'eau, elles n'ont pas d'existence réelle, n'existent ni ne cessent en tant qu'événements réels. Toutefois, lorsque vous êtes dans l'égarement quant à leur nature, elles semblent véritablement réelles. Mais quand vous les reconnaissez pour ce qu'elles sont, vous voyez qu'elles se libèrent automatiquement et s'apaisent d'elles-mêmes, à l'image de vagues qui se fondent automatiquement dans l'eau et dont on ne peut dire qui, de l'eau ou de la vague, s'est fondue dans l'autre. Dans cet exemple, les vagues représentent les pensées confuses et erronées, et l'eau, la véritable nature de l'esprit. Ainsi donc, lorsque vous reconnaissez la nature des passions, vous voyez qu'elles ont la nature de leurs Sagesses correspondantes en lesquelles elles se purifient pour se libérer naturellement. Par exemple, lorsque vous identifiez la nature du désir-attachement qui vous pousse à sélectionner quelque chose d'attirant que vous désirez obsessionnellement posséder, vous voyez que cette passion a la nature de la Sagesse Discriminante. En d'autres termes, en reconnaissant la nature du désir, vous le dépouillez de votre saisie à l'endroit d'une existence inhérente. Vous rendez ainsi visible la Sagesse qui a discriminé ou sélectionné cet objet. Ainsi, le désir a été purifié en Sagesse Discriminante. Ce n'est pas du tout que, à un moment, apparaîtrait une passion, et qu'une fois cette passion parvenue à son terme, la Sagesse ferait son apparition. Les conceptions erronées émergent et se libèrent au même moment. Si vous discernez leur nature, il s'agit de la Sagesse ; si vous ne la discernez pas, alors, il s'agit des passions. Si vous êtes dans la confusion quant à leur nature, vous êtes dans l'égarement, sinon, elles sont pures.
Cela ne signifie pas que vous reconnaissez la nature des passions et que, le moment d'après, celles-ci se libèrent en Sagesses, à l'image de ténèbres qui disparaîtraient pour ensuite faire place à la lumière du jour. Si tel-était le cas, l'on n'aurait nul besoin du soleil puisque les ténèbres auraient déjà disparu. Par conséquent, tout comme l'apparition de la lumière et la dissipation des ténèbres, la manifestation de la Sagesse et la dissipation de l'égarement sont simultanées. La seule différence réside dans leur purification ou leur non-purification dans l'Espace de la Vacuité. La Sagesse obscurcie par les ténèbres de la saisie à l'endroit d'une existence inhérente constitue l'égarement des passions ; les passions purifiées d'une telle saisie constituent la Sagesse." 

mardi 6 mars 2012

• La voie sans voie - Nita Burg


Il y a la voie directe, il y a la voie progressive...
La voie directe est 'la voie sans voie'. 
Vous et le monde êtes conscience pure.
Si cette vérité devient ce que vous vivez, 
alors il n'y a rien à 'faire'.
La voie disparaît et la vie devient une fête !


Personne ne peut connaître l'éveil mais pouvons nous ne pas être éveillés ? 


Nous' sommes tous eveillé(e)s !
Il ne reste qu'à 'se' r'éveiller !


Dans l’ici et maintenant je suis au cœur même de la vie
J’entre en contact avec chaque cellule du vivant
Je laisse la Vie m’emplir, vivre à ma place
Je m’abandonne pour l’abondance
Ici je me multiplie
Je deviens réceptacle de la vie
Je suis plus que vivante, je suis Vie !
Je m’offre au monde sans ‘moi’
Ici mon absence devient présence


Comme les images d'un rêve
S'évanouissent au réveil
De même 'l'image' d'un moi
S'évanouit dans l'éveil


L' éveil n'implique aucune action...
La racine de l'être est dans le coeur...


Sommes nous des rêveurs 
ou des personnages rêvés ?


Quand le Silence devient le seul maître à trans_mettre...
Alors la Vérité intime, ultime, s'exprime... silencieusement...


Un grand Regard, espace d’accueil grand ouvert 
avec personne pour regarder le monde


Vous cherchez l'Eveil...
Et si c'était l'Eveil qui vous re_cherchez ?
Laissez faire, être votre véritable nature !
Laissez vous trouver !


Personne, absolument personne ne s'éveille !
C'est seulement la 'personne' qui disparaît...


La Vie est sans intention 
Et 'vous' ?

Voir la page facebook "Regard sur l'éveil" de Nita,
ainsi que la page de son blog...

samedi 3 mars 2012

• Le jardin de la non-connaissance - Rupert Spira

Vu sur le site de Laya (Perles de bonheur) : 

Que nous le sachions ou non, nous sommes toujours cette Conscience ouverte, libre et illimitée, et pourtant nous l’oublions parfois. C’est notre liberté d’oublier.

Une fois que nous avons oublié, aucune autre liberté n’est possible, sauf celle de nous souvenir.

Même si nous sommes toujours cette Conscience ouverte, libre et illimitée, il semble parfois que nous soyons limités. Nous nous sentons limités. La Conscience s’expérimente comme étant aliénée par sa propre projection.

Ayant projeté une limitation au sein de sa propre non-limitation, la Conscience s’identifie ensuite avec cette limitation. Elle oublie sa nature réelle. Elle « tombe » dans l’ignorance.

La Conscience sent alors que sa propre nature est en quelque sorte étrange, inconnue et non familière, qu’elle a été perdue et a besoin d’être trouvée, qu’elle a été oubliée et qu’il est nécessaire de la retrouver, qu’elle est ailleurs, autre et séparée.

La Conscience ne réalise pas qu’elle est précisément ce qu’elle cherche ; elle est déjà elle-même.

Elle ne voit pas clairement que la Connaissance de tout ce qui est connu dans l’instant est la connaissance d’elle-même.

Cependant, peu importe la profondeur de l’identification de la Conscience avec le fragment de sa création, peu importe l’importance de l’ignorance, et les pensées, les sensations et les activités qui en découlent, peu importe le succès avec lequel la Conscience se dissimule de sa propre nature, son souvenir d’elle-même est toujours plus profond que son oubli.

Il en est toujours ainsi, simplement parce qu’avant de sembler devenir autre chose qu’elle-même, la Conscience est toujours et seulement elle-même.

La Conscience est l’expérience première de toutes les expériences, quel que soit leur caractère particulier. C’est ainsi que la recherche d’elle-même, le désir de retourner en elle, d’y demeurer ne peut jamais être éteint.

C’est ironiquement, pour la même raison, que la recherche sera toujours sapée, car dès qu’il est compris que la Conscience s’expérimente toujours elle-même, il est aussi réalisé que la Conscience n’a nulle part où aller, et n’a pas de devenir.

Ainsi, du point de vue de l’ignorance, la recherche est le premier pas que la Conscience entreprend vers elle-même. Du point de vue de la Compréhension, la recherche est le premier pas de la Conscience l’éloignant d’elle-même. Dans les deux cas, la Conscience ne va nulle part.

Même lorsque la Conscience s’est voilée d’un habit de croyances, de doutes, de peurs et de sensations, le goût de sa propre nature illimitée, libre et sans peur est inscrit dans chacune des expériences, et ce goût est souvent expérimenté comme une sorte de nostalgie ou de désir profond.

Ce désir est fréquemment associé, à tort, avec un événement ou un moment de nos vies, le plus souvent l’enfance, lorsque tout, semblait-il, allait mieux, lorsque la vie était plus heureuse.

Cependant cette nostalgie n’est pas celle d’un état qui existait dans le passé, mais bien celle de la paix et de la liberté de la Conscience qui réside en deçà, et se trouve dans la profondeur de chacune de nos expériences actuelles.

Le « bonheur » qui était « alors » présent était simplement la présence non voilée de cette même Conscience, qui voit et comprend ces mots.

La Conscience projette cette expérience courante en dehors d’elle-même, puis elle se perd dans cette projection, dans le mental/corps/monde qu’elle a projeté à partir d’elle-même, et s’identifie avec une partie d’elle. C’est comme si elle disait : « Je ne suis plus cette Conscience ouverte, libre et illimitée. Je suis ce fragment limité que j’ai créé en moi. Je suis le corps. »

En agissant ainsi, la Conscience s’oublie. Elle oublie sa propre nature illimitée. Cet oubli est connu comme   « l’ignorance ». C’est la Conscience qui s’ignore elle-même.

La conséquence de cet oubli de Soi, c’est l’apparition de la nostalgie et le désir profond de la Conscience de retourner en elle, d’être libre. Elle ne réalise pas, pour le moment, qu’à chaque instant de ce voyage prodigue, elle n’est toujours qu’elle-même.

La méditation est simplement la libération de cette projection du poids de la séparation. C’est le « dé-nouement » de la contraction de soi, le « dé-tissage » de toute cette confusion.

Au lieu de concentrer son attention sur le fragment limité, sur l’entité séparée qu’elle avait crue être, la Conscience redirige sa propre attention sur elle-même, telle qu’elle est réellement. Elle retourne à elle-même, elle se rappelle elle-même.

Au lieu de projeter le monde en dehors d’elle-même, la Conscience le récupère et le ramène en elle.

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Extrait publié avec l'accord des Éditions Accarias-L'Originel

Les concepts abstraits du mental ne peuvent appréhender la Réalité même s’ils en sont une expression.

La dualité, la polarisation sujet/objet, est inhérente aux concepts du mental. Lorsque nous parlons du « corps » par exemple, nous nous référons à un objet, qui lui-même implique un sujet.  Si nous explorons cet objet, nous découvrons qu’il est non existant en tant que tel, et qu’il n’est en fait qu’une sensation.

Une « sensation », toutefois, est encore un objet et une exploration plus approfondie nous révèle qu’elle est faite de « ressenti », de quelque chose « de mental », plutôt que physique.

« Ressentir » à son tour se révèle être fait de « connaissance ». Si nous examinons celle-ci, nous constatons qu’elle est faite de conscience.

Si nous explorons la Conscience nous trouvons qu’elle n’a pas de qualités objectives. Elle est pourtant ce que nous nous savons être de plus intime.  Elle est ce que nous désignons par « je ».

Si nous explorons « je », nous trouvons qu’il est fait de…

Les concepts abstraits du mental s’effondrent ici. Ils ne peuvent aller plus loin. Il n’existe pas de mot adéquat pour désigner ce dans quoi le mental se dissout. Nous sommes arrivés à la totale simplicité de l’expérience directe.

Cette « dés-objectivation » est le processus de l’involution apparente par lequel « Ce qui ne peut être nommé » retire sa projection du mental, du corps et du monde, et redécouvre qu’il est l’unique substance de la totalité de l’expérience.

« Ce qui ne peut être nommé », le Vide Absolu dans lequel le mental s’effondre, se projette alors, à l’intérieur de lui-même, en suivant le même chemin d’objectivation apparente, pour recréer l’apparence du mental, du corps et du monde.

« Ce qui ne peut être nommé » et auquel pourtant on se réfère en tant que « Je », la Conscience, l’Être, la Connaissance, prend la forme de la pensée, de la sensation ou de la perception pour pouvoir apparaître en tant que mental, corps ou monde.

C’est le processus de l’évolution apparente par lequel « Ce qui ne peut être nommé » donne naissance au mental, au corps et au monde, sans jamais devenir autre chose que lui-même.

Ce processus d’évolution et d’involution est la danse de l’Unicité, « Ce qui ne peut être nommé » prend forme et se dissout, vibre dans chaque nuance de l’expérience, et se fond en lui-même, transparent, ouvert, vide et lumineux.

Le mental tente de décrire les modulations de cette vacuité qui se manifeste en tant que plénitude de l’expérience, et cette plénitude qui se reconnaît comme vide, sachant pertinemment que ce faisant, il tient une bougie dans le vent.

Le mental décrit les noms et les formes dans lesquels « ce qui ne peut être nommé » se réfracte, pour apparaître comme deux, puis plusieurs, de manière à ce que la Conscience/Être apparaisse comme la Conscience et l’Être.

En utilisant les mêmes noms et formes, le mental décrit le processus apparent par lequel « Ce qui ne peut être nommé » découvre qu’il ne devient jamais quoi que ce soit, qu’il n’est toujours que lui-même, lui-même et lui-même.

Chaque déclaration faite ici est vraie provisoirement par rapport à telle autre, mais erronée en référence à une autre. Elle n’est donc jamais absolument vraie.

L’objectif de chacune d’elles est d’indiquer la fausseté de la précédente, en attendant sa propre destitution.

Chacune est un agent de la Vérité, mais n’est jamais vraie.

Le mental, au sens large du terme* est fait de concepts et d’apparences.  Il ne cerne ni ne saisit jamais la Réalité elle-même.

Cependant, en parlant ainsi, le mental est utilisé pour évoquer plutôt que décrire l’expérience de la Conscience qui se connaît elle-même.
Ces évocations sont des expressions temporaires de « Ce qui ne peut être nommé », comme les fleurs qui éclosent un moment, et répandent le parfum de leur origine dans le jardin de la non- connaissance.

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* Le mot « mental » est employé de deux façons différentes dans ce livre. La première, comme dans cette phrase, comprend (a) penser et imaginer, (b) ressentir (qui se réfère aux sensations corporelles) et (c) percevoir (qui se réfère à la vision, l’ouïe, le goût, l’odorat et le toucher, par lesquels le monde est « connu »).  Dans ce cas, le corps et le monde sont compris comme des projections du mental.  La seconde se réfère seulement à penser et imaginer.  Dans la plupart des cas, le deuxième sens est employé, mais parfois le mot mental se réfère à son sens plus général.