jeudi 1 juillet 2010

• L’état d’inconnaissance - Marie-Magdeleine Davy


Dans l’expérience subtile de la vie intérieure, l’état d’inconnaissance l’emporte sur la conscience de la connaissance. La pure connaissance est d’ordre extatique, car indifférenciée ; elle ne saurait se produire au niveau des sens extérieurs et intérieurs. C’est au-delà que se produit l’illumination. Celle-ci surgit soudain inopinément. Ainsi l’illumination dépasse un état personnel. Certes, le sujet éprouve une expérience qui lui est propre, mais il ne la retient pas comme un « avoir », car il n’éprouve plus le moindre désir de possession. L’illumination devient un état non soumis à des alternatives, car dans sa plénitude elle dépasse le sujet qui la reçoit ou, plus exactement, le sujet ne tente pas de la retenir comme un bien propre. Cette illumination se répand dans le cosmos d’une façon diffuse ; elle est éclairement, amour rempli de tendresse. Tous ceux qui sont affamés d’intériorité peuvent ainsi recevoir une manne anonyme qu’ils découvrent indépendamment du lieu où ils se trouvent. Le temps et l’espace ne sauraient intervenir. L’homme illuminé se tient dans un vide supramental qui lui permet d’assister en spectateur au déroulement de sa propre existence. Privé de désirs et de projets, il se situe au-delà de la souffrance, des dispersions et des écartèlements ; la mort est elle-même dépassée, avec toutes les angoisses qui l’accompagnent.
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