mercredi 19 novembre 2008

• Observez la Présence vibrante dans le silence - Swami Shantânanda Puri

Swami Shantânanda Puri

Le jîvan-moukta, le libéré dès cette vie...

Demeure tel qu’il est.
N’est plus ici.
Est dénué de désirs.
Fait les choses sans effort.
N’est pas lié à un endroit particulier.
Demeure dans son Soi naturel et n’a pas de masque.
Est déjà Cela et demeure Cela.
Reste à tout moment relaxé au plus profond de son coeur.
Resplendit et semble ne pas avoir de corps.
Vit à la fois sur le plan absolu et relatif.
Connaît Cela par quoi tout est connu.
Est indifférent, parce que ce monde est un spectacle de magie.
Est celui dont le corps est dissous dans le néant.
Est celui qui a expérimenté les sens de toutes les Écritures.
A des éclairs d’inspiration de temps en temps, quand c’est nécessaire.
Est devenu tout. Il ne peut être troublé par quiconque.
Est Nirâlamba , n’a aucun support extérieur.
Ne va pas selon sa propre volonté, ni ne suit celle de quiconque.
Resplendit brillamment et n’a pas peur de la mort, qui est la peur ultime.
Est un expert en tout ce qu’il fait et n’est pas agité par quoi que ce soit.
N’est pas séduit par les objets du monde. Il n’a absolument rien à faire.
Est victorieux sur le chemin spirituel et est toujours dans la félicité ultime, l‘ânanda.
Ne fait jamais quoique ce soit de sa propre volition. Il sait trouver dans la vie la pleinitude de la joie.
Peut aussi aller dans des états émotionnels qui paraissent incontrôlés à cause de la Volonté divine.
N’a pas de pensées; celles-ci glissent indéfiniment les unes sur les autres comme des spaghettis…
Ne dit même pas : “Je suis Cela”, puisque dans le “Je suis Cela”, il y a dualité, celui qui voit et Cela.
Est libre des tentacules du mental. Il est celui dont le mental est libéré de toutes limitations.
Il est toujours éveillé, toujours vigilant, c’est le veilleur sur sa tour. Il vit et demeure dans son propre Soi.
Ne donne aucune attention à quoique ce soit. Quand il voit, et il ne voit rien. Il sait qu’il n’y a rien d’autre que lui.
Est un Mahâtma, un saint dont l‘âme s’est dilatée. Il trouve que le monde entier est en son propre Soi. Il y voit sa propre expansion.
Est celui qui ne parle jamais, même si il est engagé dans des conversations. Il est celui dont le savoir vient de la Source des sources, le Seigneur.
Est celui qui est calme même quand il est en colère.
Est celui qui n’a pas d’esprit ou de vibrations mentales. Il est dans l’unmani bhâva , là où il n’y a pas de mental. Toutes les souffrances l’ont quitté, et ce pour de bon.
Vit en pratique d’une façon naturelle comme un homme ordinaire. Il ne porte aucun masque et ne prend pas différents visages en différentes occasions. Il ne calcule pas, il n’a pas de but à atteindre en portant un masque. Tout ce qu’il fait, il le fait parfaitement. Il est toute conscience.

(Considérons ce qu’il y a ci-dessus à propos du jîvan-moukta comme une liste de points à vérifier, c’est un modèle établi pour nous afin de savoir où nous en sommes.)

L’absence de forme est la forme rélle de l‘âme réalisée.
C’est l‘énergie cosmique qui mène la danse et le jîvan-mouka est aussi utilisé par cette énergie.
Celui qui a retiré de son mental tout le rajas, la tendance à l’activisme, et le tamas, la tendance à la l'éthargie, est un jîvan-moukta .
Le mental d’un jîvan-moukta est toujours calme, il ne bouge pas. Quel que soit le bien ou le mal qui arrive, son mental reste sans mouvement. Il n’a pas la moindre vibration. Il n’y a pas de vibrations du tout dans son mental.
Il n’entreprend aucun travail de lui-même. Si par hasard, la Volonté divine, de façon programmée par la Totalité, un travail vient à lui, il l’effectue de la façon la plus simple qui soit.
Un être de connaissance, jnâni, accomplit une activité minima pour se maintenir lui-même.
Il est celui pour lequel toutes les portes sont ouvertes. Il a le passe-partout, en connaissant Cela par quoi tout est connu.
Suivre le chemin de la Connaissance, c’est marcher sur le fil de l‘épée — vous devez être attentifs.
La flûte de la connaissance chante à tout jamais dans votre coeur. Entendez-la et atteignez le suprême. Point n’est besoin d’efforts ou de pratiques. Le but ultime peut être atteint d’une façon dénuée d’efforts.
Toutes les pensées reviennent pour vous attraper.
C’est la toile des relations à l’intérieur de notre propre mental qui nous emprisonne.
Notre mental n’est qu’un employé de bureau. Maintenant, durant la minute qui vient, calmez votre mental.
Le mental doit être indifférent à propos de ces devoirs qu’il a faits ou oublié de faire.
Unmani avasthâ, c’est le non-mental : comme par un coup de baguette magique, l’océan du mental s’est désséché.
Nos pensées sont des pensées de critique. Toutes ces pensées qui viennent sont en lien avec le futur et représentent des critiques du présent. Soyez comme quelqu’un sans pensées.
Le chemin de la méditation, dhyâna, est le chemin le plus rapide.
Le jour où vous dépouillez votre mental de toute pensée, vous obtenez la Libération. Quand il n’y a rien à quoi se raccrocher, votre mental tombe de lui-même, comme quelqu’un à qui on ôterait ses béquilles.
Quand le sens de possession s’en va, le bonheur éternel arrive.
Le renoncement direct doit venir de l’intérieur (et pas des livres).
Reposez-vous complètement, soyez étbali dans le repos intégral. Devenez entièrement mûr, comme un fruit qui tombe de l’arbre; retirez-vous du monde.
Satyam, shivam sundaram, dit-on dans les Oupanishads : le Soi est vrai, bon et beau ; voyez toutes choses en tant que beauté.
Soyez ce que vous êtes; ôtez votre masque et demeurez seulement comme témoin.
Une méthode de yoga et de pratique: observez votre respiration et rentrez à l’intérieur.
Les chercheurs spirituels doivent faire très attention à ne pas transgresser de règles. Ils doivent être extrêmement alertes et vigilants.
La pratique de la recherche du Soi, “Qui suis-je ?” est faite pour ceux qui sont déjà prêts, pour ceux qui se sont déjà purifiés et sont mûrs.
Découvrez ce son qui est éternel et déjà présent ici, ce son qui n’est jamais épuisé, la mélodie du Brahman, la mélodie du Soi.
Il vous suffit de demeurer calme et silencieux pendant deux ou trois ans — sans pensées à l’intérieur, sans chanter etc., cela sera assez pour vous faire progresser sur le chemin spirituel.
La félicité finale, ânanda, est votre nature. Entrez dans le vide, le silence éternel où même la respiration est arrêtée, où tous les désirs, les vâsanâs sont déjà partis.
Restez dans votre propre compagnie en faisant face à votre Soi, protégez-vous comme une jeune pousse d’arbre. Point n’est besoin de vous enfuir dans la forêt pour atteindre le Suprême.
Faites monter la Kundalinî jusqu’au niveau du coeur et écoutez les sons variés, les mélodies divines qui sortent du silence quand l’ego s’en est allé. Voyez votre mental (tel qu’il est) et observez la Présence vibrante dans le silence.
Vikalpa signifie choix, nirvikalpa signifie une vie dépourvue de choix, où l’on accepte tout ce qui vient. Il n’y a pas de monde phénoménal et donc dans l‘état de nirvikalpa-samâdhi, le sage n’a pas de relations avec le monde et le monde ne peut pas l’atteindre de ses morsures. Dans cet état, il n’y a pas de différence entre lui et le monde, et tout est unité.
Le monde est créé par vous. Vous êtes la forme du monde — un tissu, une toile de relations. Celles-ci vous emprisonnent, coupez-les!
Tombez dans le silence; tombez dans le rien; tombez dans le vide; tombez dans la vacuité.
Celui qui est déjà bien préparé pour comprendre la vérité supérieure, quand il l’entend, se met immédiatement à éviter le monde et mène une vie d’homme tranquille. Il s’efface même au point de se comporter comme s’il était un simple d’esprit. Il est calme et à part, et ne se laisse pas impliquer dans les activités du monde.
Le chercheur spirituel qui se plaint des circonstances extérieures est pareil à un artisan qui se plaindrait de ses propres instruments.
Le yogui est un super-conducteur.
Vous pouvez réaliser l‘Être suprême dans le silence. Demeurer dans l‘éloquence du silence.
Ce sont les pensées qui nous poussent vers les actions. Après avoir été complètement épuisé par les choses du monde, résignez-vous au silence du mental; fatigué apr toutes les pensées, veznez-en au silence éternel.
Quand votre mental est pur, quand vous êtes vigilants et attentifs, ce qui ressort, c’est la voix du Seigneur qui vient dans votre silence absolu. Sphourana, l’expansion pure de conscience, l’intuition spirituelle se manifeste quand vous êtes inactifs.

Réflexions à propos de l’Ashtâvakra-Gîtâ, extrait de l’ouvrage Soi, l’expérience de l’absolu selon l’Ashtâvakra-Gîtâ (Éditions Accarias-L'originel).

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