lundi 17 décembre 2007

• Toute la création ne devint plus qu'une seule Conscience - Richard Moss

Toute la création ne devint plus qu'une seule Conscience

Richard Moss

C'est dans cet état qu'un beau matin je me reposais, assis au soleil. J'étais en train d'observer deux papillons qui voltigeaient auprès de moi. L'un était noir, l'autre blanc. Ils se posèrent sur une branche et, étonné et ravi, je les vis s'unir. Je regardais leurs ailes qui s'ouvraient et se refermaient à l'unisson. Quelques minutes plus tard, ils avaient repris leur danse aérienne. Soudain, le papillon noir se dirigea vers moi et se posa juste entre mes deux sourcils.

A cet instant, la vie prit à jamais un autre sens. Tous les mots qui me vinrent les jours suivants pour décrire ce que je ressentis avaient trait au Mariage et à l'Union. Je suis tout à la fois l'amant et l'aimé, je me sens confirmé par tout ce qui existe, et rien n'est autre que moi-même. Ce moi personnel, physique et existentiel n'est que la manifestation de la Grâce de Dieu. Ce n'est que par elle que "je" (le moi individuel) existe. Chacune de mes pensées, de mes sensations, de mes perceptions me lie au Divin, est le Divin.

Toute la création ne devint plus alors qu'une seule Conscience, état de gloire indescriptible, un espace indicible. Cette même peur qui m'habitait lorsque j'étais encore ancré au seul niveau égoïque était maintenant le plus exquis de tous les nectars.

Un courant de vie m'avait investi, si transcendant que la bénédiction qu'il me dispensait ne pouvait être comparé à aucune expérience de la vie ordinaire, même la plus ressemblante. C'était à la fois un bonheur vivant et la plus profonde des intelligences. J'étais submergé par un flot de savoir, de compréhension, comme si toute l'existence s'était offerte à moi dans la totalité de ses secrets découverts et révélés.

.../...

A l'instant où le papillon noir se posa sur mon front, toutes ces questions s'évanouirent. La vie m'apparut alors avoir une signification et une valeur fondamentales et immuables, dont l'accès ne demandait aucun cheminement. De tout temps cette valeur avait existé, et à jamais elle demeurait. Je percevais et connaissais notre complétude, non pas à partir d'une quelconque conviction idéologique, mais parce que mon identité était complète. Toutes mes questions sur le sens de la vie trouvèrent leur réponse dans ce sentiment de totalité.

.../...

Je partis faire une promenade lorsque cet état d'union ou d'unité où je me trouvais s'apaisa. J'étais pieds-nus mais ressentais la rugosité du sol comme une caresse. La vie irradiait de chacune des habitations que je rencontrais. Comme si leurs occupants me les avaient confiées, je savais leurs joies et leurs peines, leurs espoirs et leurs craintes. Je n'avais aucune préférence, tout était naturellement parfait, sans haut ni bas. Je me sentais en dévotion, sans cependant m'adresser à une déité abstraite. Dieu était immanent, totalement uni à tout ce qu'il pénétrait, et était ma conscience. Je célébrais Dieu dans la chaussée, dans le caniveau, dans l'herbe, dans les arbres.

Richard Moss - Le papillon noir - Éditions J'ai Lu

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