lundi 19 novembre 2007

• L'insondable silence - Jean Klein

L'insondable silence


Jean Klein

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous rendre en Inde ?

Une mise en demeure intérieure de trouver la paix, d’arriver à ce centre d’autonomie où l’on est simplement soi, libre de toute stimulation. Mon voyage n’avait pas pour but la recherche d’une nouvelle croyance. Dès le début, j’étais persuadé qu’il existait un noyau de l’être indépendant de toute société, de tout contexte extérieur et je sentais l’urgence d’aller jusqu’au bout de ma conviction. Une fois en Inde, dans un environnement complètement nouveau, toute référence à un état antérieur disparut. Privé de tout critère de jugement, je fus amené à une ouverture, une disponibilité à toute chose et je fus surpris de rencontrer si vite l’homme qui allait devenir mon maitre. C’est le maître qui vous trouve, dans la conscience de vous-même.

Rencontre avec mon maître :

- Chaque fois que je vous rencontre, je suis étonné de votre joie. Est-ce que ce bonheur provient des circonstances extérieures ?
- Il ne dépend de rien d’extérieur. Il brille de lui-même.
- Pouvez-vous m’y conduire ?
- Oui.

L’Éveil :

La soif de liberté doit être dévorante. Seulement, cela ne s’apprend ni ne s’acquiert, cela surgit de l’investigation de soi-même. Dans cette investigation, s’élève un pré-sentiment. C’est la réalité qui vous interpelle et c’est ce pressentiment qui vous dote d’une extraordinaire ardeur, au point d’en perdre le sommeil. Le pré-sentiment vient de ce qui est pré-senti. C’est le reflet de la vérité. C’est une orientation spontanée qui se produit quand la dispersion se résorbe en un point. L’ego devient plus transparent et dans cette transparence, l’énergie investie sur quantité de sujet se trouve orientée. Ce qui fut important pour moi, ce furent ces moments où, face à moi-même, je me percevais comme non comblé. Ceci me poussa à intensifier mes investigations. Quand vous percevez ce manque directement sans le conceptualiser, c’est un vrai tourment. Ces épreuves vous sortent d’une espèce de confort complaisant de votre mode de vie habituel. L’enseignement pointe directement vers ce qui ne peut s’enseigner. Les mots, les actions sont des béquilles et ce support perd graduellement de sa consistance, jusqu’à ce que vous vous trouviez soudain dans le non-état qui ne peut-être enseigné.

Les vieux schémas de pensée, d’action, d’identification erronée avec le corps avaient perdu leur consistance. Ce fut le passage de la dispersion à l’orientation, un accroissement du prés-sentiment de la vérité. Cela devient une présence de plus en plus forte et de moins en moins un concept. Cette compréhension de l’Etre donna une nouvelle direction à ma vie. Tout était perçu d’une manière nouvelle, je devins plus clairvoyant. Bien que ce changement n’ait pas été le fruit de la volonté, une bonne part de ce qui avait occupé ma vie disparut. Les objets, l’avoir et le devenir avaient perdu leur attrait. Je n’avais fait ni ajout, ni rejet. J’étais seulement devenu conscient d’une clarté et de cette prise de conscience s’ensuivit une transformation spontanée.

Mon maître m’expliqua que cette clarté qui semblait avoir une raison extérieure était réellement une lumière reflétée par le Soi. Dans mes méditations, j’étais visité par cette lumière, attirée par elle, et cela me donna une autre compréhension de mes actions, de mes pensées et de mes perceptions. Mon écoute devient libre de projection. Cette écoute non-orientée me rendit réceptif, alerte, en dehors de toute anticipation.

Un changement complet survient un soir, sur Marine Drive à Bombay. Je regardais les oiseaux et soudain, je fus entièrement saisi par eux, comme si tout cela se passait en moi. J’eu réellement connaissance, conscience de moi-même. Le matin suivant, face à la variété de la vie quotidienne, je sus que ma compréhension de l’Etre était une réalité. La vie coulait sans interférence de l’ego. Je me trouvais dans une paix incomparable. Toute séparation entre vous et moi disparut dans l’Unité. Je me connus dans l’immédiat de l’instant présent, dans une liberté, plénitude, une joie pure. Je ressentais une totale gratitude et non un sentiment traversé d’affectivité. Mon maître m’avait donné la compréhension de la vérité, j’en vivais la lumineuse réalité.

Extraits de L'insondable silence - Éditions Les Deux Océans.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

très bien...

Stéphane a dit…

Je découvre Jean Klein depuis peu.

Merci Patrice pour cet angle de vue sur la "spiritualité" que propose ce blog.

humun a dit…

de l'éveil en éveil,la joie d'etre... pour rien ou pour la petite histoire...la joie de se reconnaitre dans son humanité.personnel,impersonnel??ici est maintenant joie en relation...hum

humun a dit…

de l'éveil en éveil,la joie d'etre... pour rien ou pour la petite histoire...la joie de se reconnaitre dans son humanité.personnel,impersonnel??ici est maintenant joie en relation...hum