jeudi 9 août 2007

• Témoignage d'un aperçu d'éveil - Patrice Gros

Une immersion momentanée dans l'Éveil


photo © Patrice Gros

L’éveil est l’éveil qui s’éveille sans s’éveiller.
 L’éveil qui s’éveille est l’éveil en rêve.
 Le soleil de midi ne fait pas d’ombre..
 L’illumination vraie ne brille pas.

 Shosan Suzuki  

Avertissement : Ce texte n'a aucune prétention. Il ne se veut pas comme un exposé définitif de la vérité absolue. Il constitue juste un témoignage d' "aperçus" de l'éveil, qui sont en eux-mêmes un "non-événement". Il peut toutefois devenir une source d'inspiration pour certains, ou faire écho à d'autres ayant vécu et reconnu la même expérience.
Chacun l'abordera comme il l'entend, y adhérera ou le laissera tel quel. Tout ça n'a, en définitive, aucune importance. Je ressens juste le désir et l'élan sincère de partager avec vous ces immersions momentanées dans l'éveil...

Premières rencontres avec la Présence et la clarté 

I - L'une des premières expériences de la Présence me fut murmurée alors que je devais avoir une dizaine d'années, peut-être davantage. Je possédais un vélo qui avait tendance parfois à dérailler, ce qui me mettait très en colère. Ce jour-là, ma frustration fut à son paroxysme quand la chaîne quitta à nouveau son axe. Je m'acharnais sur ce pauvre vélo, le jetant à terre, lui donnant des coups de pieds quand, soudain, un rayon de soleil illumina l’endroit où je me trouvais. Au plus fort de ma colère, par un phénomène étrange de synchronicité que je ne saurais expliquer, c'est comme si le ciel à peine voilé s'ouvrait totalement laissant échapper un rayon de grâce qui se présenta à moi et dans lequel je baignais. Je sentis alors comme la Présence d'un ange... Comment le dire autrement pour une âme d'enfant ? Je me souviens qu'à ce moment précis, ce rayon de douceur coupa net l'emballement émotionnel dans lequel je me trouvais, me laissant sans pensée, sans mouvement. Je ressentis alors une réelle et immense Présence m'entourer. J'étais surpris, mais aussi émerveillé, par ce qui venait de se passer.

II - J'hésite parfois à raconter cette histoire mais, aussi étrange que cela puisse paraître, le sentiment de Présence pris un jour une tournure surprenante : je rentrais d'un spectacle avec mon frère, il devait être environ vingt-deux heures, et juste avant de pénétrer dans la maison de nos parents, alors que mon frère cherchait ses clefs, j'ai donc dû patienter quelques instants. Durant ce temps d'attente, j'ai senti subitement comme un silence pesant et une immense "Présence" envahir tout l'environnement. Sans trop savoir pourquoi, je relevais la tête vers le ciel, et je me souviens avoir aperçu un immense disque sombre s'engouffrer à travers les nuages. Le plus curieux ne fut pas tant de voir une "soucoupe volante" (si tant est que c'en était une) mais les instants qui précédèrent. Je reconnus, là encore, la même qualité de profondeur, de silence et de Présence. Les extra-terrestres seraient-ils des êtres éveillés ?!

III - Il est dit, dans le Zen notamment, que des satori, des aperçus d’éveil, peuvent se produire de bien des façons, y compris durant le sommeil, jusque dans la profondeur de nos rêves. J'étais encore lycéen quand, un soir, avant de m'endormir, je me questionnais par rapport à la mort. Comment était-ce lorsqu'on mourait ? Je me souviens m'être endormi avec cette pensée. Puis, je rêvai qu'une voiture me renversa alors que je roulais à mobylette. Dans mon rêve, je venais de mourir, réellement. Je me vis alors me détacher de mon corps qui gisait près du deux-roues. J'ai flotté ainsi quelques instants puis, très rapidement, je me suis retrouvé dans un espace de... conscience. Je ne voyais ni n'entendais rien de spécial. Je n'avais pour ainsi dire plus de corps matériel, et le mental n’avait aucune pensée. J'étais juste un corps d'existence ! Une intense Présence m'habitait, et j'étais cette présence douée de conscience.
Bien que n'ayant aucune notion du temps tel qu'on l’entend d’ordinaire, j'eus cependant le sentiment d'être resté ainsi toute la nuit, totalement conscient, dans un état de bien-être et de paix profonde, sans objet ; une méditation naturelle en somme, bien que ce mot m'était peu familier à cette époque. Puis, une pensée très claire me traversa l'esprit : "il est temps maintenant de me réveiller afin d’aller au lycée". Instantanément, comme si je devinais intuitivement l'heure qu'il était, j'ouvris les yeux. C'était effectivement l'heure à laquelle je me réveillais d'ordinaire. Mon esprit était encore imprégné de ce qui venait de se passer et le souvenir de ce que j'avais vécu était totalement présent. J'étais frais, totalement dispos et durant toute la journée qui passa, j'avais l'impression de flotter agréablement. Le soir, à table, mon frère me regarda bizarrement. Il pensait que j'avais "fumé", disait-il, car il trouvait que j'avais une drôle de tête et que mes pupilles étaient dilatées... S'il avait su à quelle substance je m'étais abreuvé !

IV - En une autre occasion, la Présence fit parler d'elle à nouveau. J'étais un jeune adulte et, depuis plusieurs années, engagé dans une recherche spirituelle. J'avais reçu quelques instructions méditatives au sein d'un enseignement bouddhiste tibétain. Un ami, qui suivait à l'époque l'enseignement du maître thaïlandais Dhiravamsa, me fit savoir qu'un de ses instructeurs avancés viendrait pour une soirée et qu'on pouvait venir le rencontrer. Cet échange, tout à fait informel, eut lieu dans un des cafés de la ville dans laquelle je résidais. Durant l'heure que nous passâmes ensemble, je ne ressentis rien de particulier. Mais lorsque le temps fut venu de rentrer, sur le chemin du retour, je me surpris à « être ». J' « existais » comme jamais auparavant. C'était vraiment curieux de ressentir une telle présence comme si quelque chose d'exceptionnel venait de m'être révélé. Je compris alors que ce sentiment de Présence est disponible en permanence. Je pouvais, par la suite, le retrouver à chacune de mes méditations, comme un espace, un état d'être, dans lequel j’entrais à volonté, avec plus ou moins d’intensité selon les jours, tout en étant totalement ordinaire. Mais lorsque cela se révèle à soi la première fois c’est comme de découvrir son visage dans un miroir. Bien plus tard, je compris que cela s'apparentait au fait de retourner la conscience vers elle-même, comme de devenir conscient d'être conscient. Ce sentiment de Présence alors reconnu est ressenti tout autant à l'intérieur de soi qu'à l'extérieur. C'est comme un « bain de Présence » dans lequel le moi ordinaire, séparé, se dissout...

V - Ce cinquième aperçu se déroula durant un soin énergétique Reiki. La praticienne apposait ses mains sur moi selon un protocole de positions définies, durant trois minutes chacune. Lorsqu'elle arriva au niveau de la gorge, entourant de ses mains chaudes mon cou, cela faisait déjà environ une dizaine de minutes qu'elle pratiquait. Je me sentais alors détendu et apaisé. Mais là, quelque chose d'inattendu se produisit : je perdis momentanément la notion du temps et je fus baigné dans un océan infini d'Amour. Non pas l'amour que l'on peut ressentir envers une autre personne ou recevoir d'elle, avec toute l'intensité que cela peut représenter. Non, il s'agissait d'un amour inconditionnel, absolu, avec lequel je fusionnais. Jamais de ma vie je n'avais ressentis une telle qualité d'énergie ! Bien qu'étant hors du temps, le plus troublant était cette impression de rapidité dans la durée, comme si à peine posées, les mains étaient aussitôt enlevées. À la fin du soin, je m'en suis d'ailleurs plaint à la personne. Elle en fut surprise et me répondit qu'ayant justement sentie un fort passage d'énergie au niveau de la gorge, elle en avait doublé le temps d'imposition... !

Toutes ces expériences, cependant, restent encore pourrait-on dire de nature "duelles", avec le sens subtil d'un observateur, ou témoin, extérieur, c’est-à-dire d'une personne séparée, vivant tel ou tel événement, aussi élevé ou spirituel soit-il. Je repense notamment à tous ces moments d’assise en présence de maîtres accomplis de méditation. À leur contact, cette même Présence ouverte me fut bien des fois perceptible.

Les quatre aperçus qui suivent, par contre, s'inscrivent dans une dimension non-duelle où est révélé la véritable essence de tout ce qui est.

VI - La nature de la conscience semblable au ciel

Lors d'une retraite méditative de plusieurs semaines, il m'arrivait parfois d'aller me promener sur les collines environnantes du centre de méditation. Un jour, alors que j'étais assis, simplement, sans intention ni sans rien attendre de particulier, plongeant mon regard dans un ciel bleu immense et sans nuages, mon esprit se fondit avec l'espace infini, révélant du même coup la nature spacieuse de la conscience. Pour quelques secondes, tout sens d'un "soi séparé" disparut. Seul demeurait le sans limite, la clarté infinie. À peine cela fut-il reconnu, que la dimension mentale essaya aussitôt de saisir et de s'approprier cette expérience. Instantanément, ma condition ordinaire refit surface, me laissant complètement hébété, et rempli de joie à la fois. Durant les heures qui suivirent, je me trouvais dans un état de Présence méditative complètement naturel, spontané et sans effort. Un état d'ouverture auquel tout méditant aspire à travers sa pratique. Sauf que là, tout se produisait naturellement, sans rien chercher à atteindre. Cette nouvelle expérience, bien plus intense que les précédentes, laissa une forte empreinte dans tout mon être, même si cela fut très bref, tout en étant au-delà du temps.

VII - Le basculement

Il était assis face à nous partageant, par sa présence et son enseignement, la connaissance de la condition éveillée. Puis il s'arrêta de parler et, dans le même temps, son regard croisa le mien (nayana-diksha). À cet instant précis, l'éveil me saisit subitement, ne laissant plus rien de la personnalité à laquelle je m'étais identifié jusqu'à ce jour.
Durant ce moment de silence, au-delà du temps et en un éclair qui parut éternel, toute notion de dualité cessa et la conscience se reconnut pour ce qu'elle a toujours été. Je perçus instantanément qu'il n'y avait plus aucune notion de séparation et que l'état dans lequel je me trouvais était totalement identique au sien et à celui de tout être et de toute chose. Nous participons tous du même éveil. Seul le Soi peut contempler le Soi et seul, en réalité, la conscience éveillée se saisit elle- même.
Lorsque l'éveil est reconnu, ne serait-ce que temporairement, une prise de conscience radicale s'effectue : cet état éveillé est Impersonnel (c’est-à-dire au-delà d'un sens de soi personnel et identifié, incluant les aspects relatifs tels que race, culture, tradition, orientation religieuse, etc.), Intemporel (ou atemporel, c’est-à-dire au-delà du temps, sans commencement ni fin) et Inconditionnel (c’est-à-dire a-causal, non conditionné, car ne dépendant ni de causes ni de conditions extérieures). L'éveil est notre condition première, notre nature fondamentale et notre base originelle à tous, et jamais nous n'en avons été séparé. CELA (comment le nommer autrement ?) a toujours été, présent, en évidence. De tout temps, hors du temps, et en toutes circonstances, nous sommes CELA qui VIT en nous.
Comprenons bien qu'il s'agit d'une dimension non-duelle dans laquelle n'existe plus le sens d'un "je" séparé, autonome et indépendant, bien que dire cela soit totalement irrationnel pour le mental. Il se fait jour en nous la réalisation qu'il n'y a jamais eu de soi individualisé. Il y a ÊTRE, mais pas de soi relatif. Pour utiliser une métaphore, c'est comme si l'identification à la vague - cette notion illusoire d'un moi distinct - disparaissait, laissant l'Océan de notre vraie nature se révéler dans toute sa plénitude. 

“L'Éveil, avant toute chose, est d'arriver à la compréhension qu'il n'y a pas de soi au sens conventionnel du terme.” 

“L'Éveil est d'arriver au point où l'on comprend, où l'on fait l'expérience, qu'il n'y a pas de soi objectif - il y a l'être, mais il n'y a pas de soi objectif -, et c'est dans le mouvement de renoncement à cette notion de soi, que l'on fait l'expérience de ce que l'on est véritablement, au sens universel. C'est alors que l'Éveil arrive, lorsque vous prenez conscience que vous n'êtes pas aux commandes.” 


On ne peut assister à sa propre illumination, car l'éveil est justement l'effacement ou la disparition de ce sentiment illusoire de séparation que l'on appelle l'ego. Il y a éveil mais, paradoxalement, personne qui s'éveille. Au sein de cette condition, il ne peut y avoir de place pour deux, même si ce "deux" est l'expression ou le jeu même de l'Unicité. Mais en définitive, même l'ego n'existe pas ! Celui-ci est juste une image trompeuse, une simple pensée ou croyance, à laquelle, par ignorance, on s'identifie, comme si on prenait un de ses rêves au sérieux au point de le faire durer indéfiniment... Jusqu'au jour où, enfin, CELA se reconnaît.

De même que pour la lumière et l'obscurité, l'ego (le sens de séparation) et la réalisation ne peuvent coexister. C'est justement l'un qui empêche temporairement la reconnaissance de l'autre. Mais le plus étrange, c'est qu'au moment même où l'on VOIT ce qui EST, on réalise du même coup l'irréalité totale de cet ego. Celui-ci est simplement une construction sans aucune consistance, une apparence, tel un mirage, car seule cette dimension “d'êtreté” est, et a toujours été, l'unique Réalité. Cette prise de conscience est si puissante qu'elle fait voler en éclat le masque du "moi".
Lorsque CELA est perçu, il y a un niveau de connaissance et de compréhension jamais atteint. Nous sommes cette totale connaissance (de SOI) et elle embrasse toutes choses. Celle-ci est à l'oeuvre dès maintenant, à l'instant même où chacun lit ces lignes.
Ainsi, au sein de l'éveil, l'activité mentale ordinaire (concepts, pensées, croyances) est devenue totalement silencieuse, inopérante. Elle laisse place à une perception directe, une Connaissance absolue au sein de laquelle rien ne manque. Cette Intelligence première embrasse tout et rien n'existe en dehors d'elle. La conscience se reconnaît alors comme étant inséparable de cette Intelligence innée.
Quand le sentiment ou l'expérience d'en être séparé reviennent, il suffit, autant que possible et à la mesure de chacun, de demeurer dans la certitude et la confiance sans faille que c'est toujours LÀ (et ça l'est). On s’exerce à maintenir la perception que tout est l’expression ou le déploiement de cette nature absolue, dualité comprise, et on se tient immobile dans ce regard sans nécessité de faire quoique ce soit pour l’obtenir.
En conséquence, tout est déjà là, accompli tel que c'est, et nous sommes CELA. Nous pouvons juste maintenir une présence-conscience à ce qui est, au coeur de l'instant. Si on sait l’aborder comme telle, chaque situation et chaque circonstance sont un moment de réalisation. Pratiquer cela n'est pas en soit faire quelque chose, mais participe déjà de la condition éveillée.
Tant que l'éveil reste un simple avant-goût et qu'il n'est pas totalement stabilisé, il convient donc de "veiller", c'est-à-dire de demeurer dans la Présence continue, une attention et une vigilance naturelles. On appelle aussi cela le retournement de la conscience qui se saisit elle-même, dans un face à face intime, où l'on revient à l'arrière-plan, la racine de l'esprit.
Alors, CELA réapparaîtra à un moment ou à un autre, puisqu'il n'est pas séparé de qui nous sommes. Sachons rester simplement disponibles pour la prochaine invitation... C'est dans ce sens que nous devrions parler de méditation, et non comme d'une technique dualiste basée sur le devenir, qui a pour objectif de calmer simplement l'agitation des pensées en vue de s'éveiller dans le futur. Cela n'a pas de sens car, au sein de l'éveil, toutes notions de passé, présent et futur n'existent plus. Ce qui est, EST, et CELA ne participe pas du temps. Seul demeure l'Instant-hors-du-temps.
Du point de vue de l'éveil, nous sommes déjà ce que nous voulons être. Toute idée de chemin à parcourir et de pratiques à réaliser devient un non-sens. L'éveil n'est pas dans le temps. L'éveil est simplement l'énergie de ce qui est. L'éveil est maintenant. On considère à tort celui-ci comme un objet extérieur qu'il faudrait acquérir ou posséder.
Si "méditation" il y a, alors celle-ci ne peut pas être appliquée dans l'objectif de s'éveiller dans le futur. Pratiquons plutôt en vue de révéler et de laisser émerger ce que l'on est déjà fondamentalement... bien que je SUIS ne dépende, en définitive, d'aucune pratique !
Ainsi, l'Insondable est perçu comme la totalité de ce qui est. Le moi relatif et le sens de séparation qui l'accompagne se sont volatilisés, laissant place à une ouverture et un espace de connaissance sans limite. On existe en tant que TOUT, et non en tant que conscience indépendante. Même si, à partir de cet état, on en vient à employer l'expression "je", c'est juste une convention facilitant la communication car il n'y a plus de notion d'un soi séparé, de vérité à revendiquer ni de territoire à défendre.
Cette condition d'éveil est la plus naturelle, ordinaire et simple qui soit. Elle est déconcertante d'évidence. Elle est déjà connue. Elle n'a jamais été éloignée pas plus qu'elle ne se trouve dans un "ailleurs".
Au moment où l'on perçoit l'Inconcevable, il n'y a même plus d'observateur, simplement parce que l'on est CELA. Selon l'adage Indien de la tradition non-duelle (advaïta), c'est l'Un-sans-second. On ne peut rien en dire et, bien que le sens du moi ait totalement disparu, on n'a jamais été autant SOI-même avant ça.

Dans les jours qui ont suivi cette reconnaissance, je me trouvais par moments dans un état de méditation spontanée, totalement paisible et naturellement établi dans l'instant présent. Il m'est arrivé de rester ainsi plusieurs heures sans même me rendre compte du temps qui s'écoulait, ni ressentir aucune gêne due à la posture assise.
Une certaine fois, assis en méditation depuis près de deux heures, mon regard se porta sur une montre posée devant moi. Je vivais à ce moment-là une sensation de grande immobilité intérieure et j'avais l'impression que le temps s'était totalement arrêté. Je ne comprenais donc pas comment la trotteuse de la montre pouvait bouger alors que l'esprit, lui, ne connaissait aucun mouvement. Comment cela était-il simplement possible ?!


Aujourd'hui, que reste-t-il de ce basculement, de cette immersion momentanée dans l'éveil, l'essence de l'Être ? Qu'est-ce que nous apprend une telle reconnaissance, sur le plan relatif de notre existence ?
C'est de ne plus rester identifié à ses pensées et à ses émotions ni de nourrir aucune histoire limitative personnelle. En langage plus actuel, on dirait de ne plus prendre les choses personnellement, c'est à dire du point de vue de cette entité fallacieuse qu'est l'ego, le moi séparé. C'est d'abandonner (lâcher-prise) toute saisie et attachement quant à ses croyances ou ses constructions mentales illusoires. C'est aussi et surtout revenir dans l'état de Présence authentique, cette nature ouverte propre à chacun, qui est là, en arrière-plan de la conscience.
Bien que l'observateur (le sens de la dualité) soit maintenant revenu, et avec lui son cortège de pensées et d'émotions, la vie relative me paraît cependant moins tragique et un espace ainsi qu'une joie d'être toute simple de vivre m'habitent désormais. Il s'est aussi établi un sentiment de paix plus profond, avec une acceptation naturelle et une ouverture à ce qui est...
Je retiens surtout de cet aperçu que notre nature véritable est cette dimension du Soi, notre visage originel, qui est impersonnelle. Lâcher prise de l'ego, ce n'est pas "disparaître" pour autant. C'est simplement laisser la place à ce que nous SOMMES véritablement. C'est en ce sens que la condition éveillée est importante dans nos vies et que nous avons besoin de l'Éveil pour nous remettre d'aplomb (dixit Vernon Kitabu Turner). 


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Question : À la lecture de ce témoignage, me viennent les questions suivantes : Une telle rencontre avec l'indicible, une telle expérience d'ouverture dans l'absolu ne donne-t-elle pas l'envie d'y retourner et d'y rester ? Est-il possible de vivre constamment dans cet état ? Y a-t-on accès à volonté lorsque cela vous semble souhaitable pour une raison ou une autre telle que apporter une aide à quelqu'un...? Cette rencontre est-elle seulement possible à travers la pratique de la méditation ?
 
"Une telle rencontre avec l'indicible, une telle expérience d'ouverture dans l'absolu ne donne-t-elle pas l'envie d'y retourner et d'y rester ?"

- D'un certain coté, oui, bien sûr, quelque "chose" en nous y aspire, comme un élan naturel, mais d'un autre coté, ce n'est plus vraiment le point essentiel. Une fois Cela aperçu, dans cette vision hors du temps, on "sait" que cela est notre nature véritable. Le paradoxe est qu'il n'y aurait rien à "faire" car nous sommes déjà ce que nous souhaitons être.

"Est-il possible de vivre constamment dans cet état?"

- Il semblerait que nous y sommes déjà, tout le temps ! Pas "nous" en tant que personne divisée, séparée, identifiée. Mais Cela, en tant que réalité intrinsèque et ultime. En fait, il n'y a rien de plus naturel que de vivre constamment en Cela. Mais "Cela" n'est pas un "état transitoire" pour autant...


"Y a-t-on accès à volonté lorsque cela vous semble souhaitable pour une raison ou une autre telle que apporter une aide à quelqu'un...?"

- Je crains vous décevoir, car en Cela, il n'y a plus vraiment d' "intention" (pas plus qu'il n'y a "d'autre"), simplement parce qu'il n'y a plus "personne" (de séparée) pour en avoir. Par contre, quoiqu'il s'élève dans la conscience, cela semble toujours en accord et adapté avec la situation présente.

"Cette rencontre est-elle seulement possible à travers la pratique de la méditation?"

- C'est tout le paradoxe. Rien ne peut vous mener LÀ où vous êtes "déjà". Aucune méthode, aucune technique, aucune religion, ni aucun "isme"... Cependant, tant que cela n'est pas pleinement reconnu, il semblerait, qu'à notre niveau, il y ait bien quelque chose à, pas tant faire, mais... être.
Reconsidérons alors la pratique de la méditation de cette perspective, non pas comme un moyen pour atteindre un "état", un "idéal" différent de ce qui EST, un "ailleurs meilleur et plus éveillé", mais comme un "retournement du regard" permettant de révéler ce que nous sommes déjà. Du point de vue de l'éveil, méditer n'a peut-être pas grande importance, puisque tout participe à cette condition. Mais de ce même point de vue, si vous méditez, alors c'est bien aussi ! À notre niveau, la méditation devrait être envisagée comme une expression naturelle de la Vie, une pratique qui nous maintient dans un équilibre naturel (encore une façon de voir et une façon de dire dualiste, j'en conviens). Selon un enseignant tibétain de la voie non-duelle (dzogchen) «l'approche contemplative consiste à tourner son attention vers l'intérieur et à observer, derrière le voile des pensées et des concepts, la nature de la "conscience originelle" qui sous-tend toute pensée et permet leur formation. Cette faculté fondamentale de "connaître", que l'on peut appeler "conscience pure", existe en l'absence de constructions mentales et d'objets de pensée.../... Le véritable but de la méditation est de demeurer dans la conscience nue, quoiqu'il se passe ou ne se passe pas dans l'esprit. Peu importe ce qui se présente à vous, restez simplement ouvert et présent à ce phénomène, puis laissez-le disparaître. Si rien ne se produit, ou si les pensées s'évanouissent avant que vous les ayez remarquées, demeurez simplement dans cette clarté naturelle.»

Mais ici, on parlerait plutôt de "contemplation naturelle". Et, à y regarder de plus près, même sans le savoir, nous faisons déjà cela, nous sommes déjà en Cela...

"Merci pour cette réponse, cela me semble un peu compliqué... Je crois comprendre (intellectuellement) que Cela est notre nature et que nous le sommes déjà depuis toujours, que tout ce qui arrive est Cela, cet échange lui-même... mais... Je vois bien dans la vie qu'à chaque instant il faut refaire la mise au point sinon la vue est brouillée et le pilote automatique enclenché... Qu'est-ce qui peut aider à la jonction de ces deux aspects ? À accélérer un peu le processus ? À faire en sorte que la mise au point se fasse automatiquement, spontanément ?"
 
- J'ai juste envie de vous dire que, du point de vue de l'éveil, tous les chemins sont possibles ! Revenons alors une fois de plus à cette pratique, peut-être pas si spéciale en somme, que l'on appelle méditation, celle du "retournement" de l'attention vers elle-même, qui est comme une métaphore de l'éveil, favorisant cette "mise au point".

Rupert Spira, lors d'une interview pour la revue 3éme Millénaire, parle de « coopérer » : « Il n'y a rien à forcer mais en même temps nous pouvons coopérer, de façon aimante. Une discipline ne peut mener à un véritable changement et va au contraire renforcer notre fausse identité, le soi séparé. Mais cela ne veut pas dire ne rien faire et dire : « il n'y a personne ici, il n'y a rien à faire, tout apparaît dans la Conscience ». Nous nous fourvoyons si nous adoptons ce point de vue. Au contraire, nous pouvons coopérer amoureusement dans tous les domaines de l'expérience : les pensées, les sentiments, les activités, absolument tout. »

VIII – Instant de reconnaissance

Une nuit, durant un moment d'insomnie suite à une contrariété, j'ai décidé d'envoyer du Reiki à ma compagne. Instantanément j'ai ressenti l'énergie m'envahir, et le plexus se dénouer profondément Quel bien-être ! Mais rien d'étonnant à cela puisqu'il est dit qu'en tant que transmetteur, si nous offrons de l'énergie à une personne, nous en recevons aussi en partie... Sauf qu'ici, la perception fut totalement différente, plus profonde : il m'est apparu de façon évidente que ce n'est pas tant qu'on reçoit de l'énergie en la canalisant, mais qu'il n'y a en réalité aucune séparation entre soi et une autre personne. La notion même d'extérieur, et toutes celles de distance et de séparation en fait, n'existent simplement pas ! Il a été reconnu que ce que nous appelons "l'autre" n'est qu'une manifestation, un reflet, d'une seule, unique et même conscience. Dés l'origine, il n'y a pas deux, pas de dualité ! J'ai alors pris conscience que, lorsque cela est véritablement perçu, nous ne pouvons qu'agir spontanément pour le bien de tous puisque tout ce que nous faisons à l'extérieur ou aux autres, c'est en réalité à soi-même que nous le faisons aussi !
Il est difficile de transcrire ici l'intensité de ce moment de reconnaissance. J'en parle avec des mots mais j'ai conscience que ceux-ci restent bien impuissants à faire sentir cette évidence de l'Unité. Inutile de dire que j'ai retrouvé ensuite un sommeil paisible et réparateur... et la joie d'être à mon réveil.


IX - L'oeil de la sagesse discriminante

Une nouvelle "bascule" dans la dimension non duelle s'est produite durant mon sommeil. Sûrement faisait-elle suite à la discussion que j'avais eu la veille à la fois sur la nature des pensées et sur le fait de pouvoir demeurer sans pensées.
Cela commença comme un rêve au cours duquel j'essayais de pénétrer la nature des pensées, de saisir leur origine. C'est comme si je les regardais en face, pénétrant leur substance, leur énergie. Comme le dit un texte dzogchen : "regardez simplement les pensées avec l'oeil de la conscience discriminante", car lorsque toute pensée disparaît, il reste la pure conscience qui se trouve en amont. Cela m'amena à remonter jusqu'à l'esprit d'où elles s'élevaient, puis jusqu'à la source même de l'esprit, qui n'est autre que la Conscience impersonnelle à l'origine de tout., tel un espace infini de connaissance. Ce processus se produisait naturellement, comme une introspection spontanée. De cette dimension, il était reconnu que les pensées elle-mêmes n'étaient autre que le jeu de la conscience éveillée, son déploiement, et qu'en aucun cas elles n'étaient un problème ou un obstacle à quoi que ce soit. Si seulement cela pouvait être reconnu, la libération serait assurée. J'ai eu l'impression, la conviction même, que (je) pouvais rester ainsi, établis dans cette essence. Un sentiment de félicité et de jubilation régnait dans cette "recon-essence", qui est celle du non-soi. Le rêve du rêve nocturne avait non seulement pris fin, mais également celui de la réalité duelle apparente au sein duquel nous vivons. C'était étrange car je me suis alors réveillé tout en étant endormis, totalement conscient de ce qui venait de se produire. Un sommeil momentanément lucide, en quelque sorte. J'ai souris intérieurement car je me suis dit que cela pouvait être un "geste de l'éveil", celui de reconnaître, non seulement les pensées, mais la manifestation tout entière, indifférenciées de leur nature de vacuité ("la forme est vacuité ; la vacuité est forme").

À y regarder de plus prés, il semblerait que la libération soit bien plus proche qu'on ne le pense...

X - Une coquille vide habitée

Au cours d'une promenade dans cette belle et inspirante Cévennes, mon ex-compagne Suyin voulu faire une halte avant de rentrer, afin de contempler le coucher de soleil et le spectacle des magnifiques montagnes auréolées de nuages.
Au bout de quelques minutes de contemplation, j'eus l'impression d'être une "coquille vide habitée", c'est à dire qu'il y avait là un corps, mais cette fois, sans le personnage habituel à l'intérieur, et pour autant empli d'une intense Présence. Cette même Présence emplissait aussi tout l'espace environnant.
Il y avait là une impression, difficile à décrire, tant cela échappe aux repères conceptuels ordinaires, celle de ne plus avoir véritablement de corps, ou de ne plus y être identifié, d'avoir comme disparu de cette enveloppe, cela entraînant une disparition de frontière entre cet organisme et la nature toute autour, car ce vide était tout autant ressenti à l'intérieur de ce qui semblait être un corps que dans l'espace environnant. J'ai eu l'impression de perdre toute notion de matérialité, comme si j'étais suspendu dans le vide et, en fait, d'être ce vide. Je me demandais même si j'avais encore un organisme physique, tant ce qui l'habitait d'ordinaire avait disparu.
J'ai déjà connu cette sensation et, étrangement, de la retrouver me semblait complètement naturel, presque ordinaire, sans être banale pour autant. Le monde extérieur, le paysage, les montagnes, étaient vus pour ce qu'ils étaient, mais à partir d'un espace vide et totalement Conscient à la fois. Une Présence/Conscience, mais impersonnelle, sans centre.
Puis, nous sommes repartis marcher. Là encore, alors même que nous parlions, il y avait de nouveau ce sentiment d'une coquille inhabité, une conscience non identifiée se déplaçant, tout vibrant de Présence...

XI - Sans localisation
Durant la nuit, je me suis réveillé, par deux fois, avec l’étrange sensation de ne plus du tout savoir où je me trouvais. J’étais incapable mais totalement de me souvenir si j’étais chez moi à Nice, chez Suyin dans les Cévennes, où en déplacement dans une autre ville, comme cela m’arrive pour les stages que j’anime. Mais, étrangement, plutôt que de générer un malaise, voire un sentiment de panique, comme cela arrive parfois en une telle situation, il a été réalisé que l’espace où je me trouvais n’était autre que celui de la Présence et de la Conscience, et que celui-ci était fondamentalement tranquille et paisible.
Par deux fois, devant l’incapacité absolue de savoir où j’étais, cela a eu pour effet d’amplifier le fait qu’en la nature du Soi est le seul endroit réel en lequel règne une totale sécurité.
Je me suis alors juste détendu en goûtant le fait d’ ‘être, 'sans localisation’.

© Patrice Gros/Éveil Impersonnel

En complément, je vous encourage de lire l'ouvrage de Richard Sylvester : "J'espère que vous allez mourir bientôt" (Éditions l'Originel).

 

19 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, je voudrais réagir à ce témoignage émouvant en précisant, d'après mon expérience personnelle, que l'apparente simplicité et spontanéïté de cette magnifique expérience, repose en réalité sur une discipline de fer pendant des années pour atteindre le niveau d'énergie suffisant, ou alors un maÎtre prête momentanément la sienne ... Par exemple dans le zen, cela requiert en moyenne de 3 à 5 ans d'ascèse. Ceci dit, en principe n'importe qui, avec un courage suffisant, peut y arriver...

AG

Patrice a dit…

Un maître Zen avait coutume de dire, suite à son satori : "L'illumination s'est produite par accident !", sous entendant que celle-ci ne dépendait, en réalité, ni de causes ni de conditions... Mais pour conclure ensuite : "et la pratique (zazen, car il avait médité très longtemps), ce qui l'a provoqué" !

Beaucoup d'humour chez ce maître Zen !!!

Anonyme a dit…

A la lecture de ce témoignage, me viennent les questions suivantes:
une telle rencontre avec l'indicible, une telle expérience d'ouverture dans l'absolu ne donne-t-elle pas l'envie d'y retourner et d'y rester ?
est-il possible de vivre constamment dans cet état?
y a-t-on accès à volonté lorsque cela vous semble souhaitable pour une raison ou une autre telle que apporter une aide à quelqu'un ...?
cette rencontre est-elle seulement possible à travers la pratique de la méditation?
.......?

logurg a dit…

reponse a anonyme :toute experience est addictive ,c'est a dire qu'elle donne envie de se reproduire .

l'experience est temporelle c'est a dire qu'elle s'eteint ,alors vient le desir d'une autre experience .

l'etat est une experience ,vecu par le "je suis" donc temporel .

oui, on peut avoir acces a volonte a des etats ou des talents pour des effets differents .

la meditation entraine des etats ,tous sont temporels et entrainent une addiction .

Patrice a dit…

"une telle rencontre avec l'indicible, une telle expérience d'ouverture dans l'absolu ne donne-t-elle pas l'envie d'y retourner et d'y rester ?"

Réponse transmise par Y.R. (qui souhaite rester anonyme)

- D'un certain coté, oui, bien sûr, quelque "Chose" en nous y aspire, comme un élan naturel, mais d'un autre coté, ce n'est plus vraiment le point. Une fois Cela aperçu, dans cette vision hors du temps, on "sait" que cela est notre nature véritable. Le paradoxe est qu'il n'y a rien à "faire" car nous sommes déjà ce que nous souhaitons être.

"est-il possible de vivre constamment dans cet état?"

Il semblerait que nous y sommes déjà, tout le temps ! Pas "nous" en tant que personne divisée, séparée. Mais Cela, en tant que réalité intrinsèque. En fait, il n'y a rien de plus naturel que de vivre constamment en Cela. Mais "Cela" n'est pas un "état" pour autant...

"y a-t-on accès à volonté lorsque cela vous semble souhaitable pour une raison ou une autre telle que apporter une aide à quelqu'un...?"

Je crains vous décevoir, car en Cela, il n'y a plus vraiment d' "intention", parce qu'il n'y a plus "personne" pour en avoir. Par contre, quoiqu'il s'élève dans la conscience, cela semble toujours en accord et adapté avec la situation présente.

"cette rencontre est-elle seulement possible à travers la pratique de la méditation?"

C'est tout le paradoxe. Rien ne peut vous mener LÀ où vous êtes "déjà". Aucune méthode, aucune technique ni aucun "isme"... Cependant, tant que cela n'est pas pleinement reconnu, il semblerait, qu'à notre niveau, il y ait bien quelque chose à, pas tant faire, mais... être. Reconsidérons alors la pratique de la méditation, non pas comme un moyen pour atteindre un "état", un "idéal" différent de ce qui EST, un "ailleurs meilleur et plus éveillé", mais comme un "regard" permettant de révéler ce que nous sommes déjà.
Du point de vue de l'éveil, méditer n'a peut-être pas grande importance, puisque tout participe à cette condition. Mais de ce même point de vue, si vous méditez, alors c'est bien aussi ! A notre niveau, la méditation devrait être envisagée comme une expression naturelle de la Vie, une pratique qui nous maintient dans un équilibre naturel (encore une façon de voir et une façon de dire dualiste j'en conviens). Selon un enseignant tibétain de la voie non-duelle «l'approche contemplative consiste à tourner son attention vers l'intérieur et à observer, derrière le voile des pensées et des concepts, la nature de la "conscience originelle" qui sous-tend toute pensée et permet leur formation. Cette faculté fondamentale de "connaître", que l'on peut appeler "conscience pure", existe en l'absence de constructions mentales et d'objets de pensée.../... Le véritable but de la méditation est de demeurer dans la conscience nue, quoi qu'il se passe ou ne se passe pas dans l'esprit. Peu importe ce qui se présente à vous, restez simplement ouvert et présent à ce phénomène, puis laissez-le disparaître. Si rien ne se produit, ou si les pensées s'évanouissent avant que nous les ayez remarquées, demeurez simplement dans cette clarté naturelle.»

Mais ici, on parlerait plutôt de "contemplation naturelle". Et à y regarder de plus prés, même sans le savoir, nous faisons déjà cela, nous sommes déjà en Cela... Y.R.

Anonyme a dit…

merci pour cette réponse,
cela me semble un peu compliqué..........
je crois comprendre (intellectuellement) que Cela est notre nature et que nous le sommes déjà depuis toujours, que tout ce qui arrive est Cela, cet échange lui-même... mais ....

je vois bien dans la vie qu'à chaque instant il faut refaire la mise au point sinon la vue est brouillée et le pilote automatique enclenché.......

qu'est-ce qui peut aider à la jonction de ces deux aspects ? à accélérer un peu le processus?
à faire en sorte que la mise au point se fasse automatiquement, spontanément ?

Patrice a dit…

J'ai juste envie de vous dire que, du point de vue de l'éveil, tous les chemins sont possibles ! Revenons alors à cette pratique, peut-être pas si spéciale, que l'on appelle "méditation", qui est comme une métaphore de l'éveil...

"Il nous faut maintenant le faire, le pratiquer, le vivre. Nous avons pris de mauvaises habitudes qui ont besoin d'être corrigées.
Ce n'est pas une méditation en vue d'un but à attendre dans le futur. C'est une méditation qui consiste à être attentif à ce qui nous est donné MAINTENANT."
Douglas Harding

Si vous le voulez bien, là, maintenant, asseyons nous quelques instants - peu importe la posture.
Ne tentez ni n'essayez rien de spécial. Pas même de "méditer" ! Soyez simplement, totalement, et naturellement présent, en vous-même, à ce qui EST. Sentez cette présence ordinaire derrière le mouvement des pensées, à l'arrière plan de toute émergence se produisant dans la conscience. Laissez ainsi reposer l'esprit, dans la détente et la clarté, dans ce sentiment de Présence, d'êtreté. Au-delà de toute identification à un nom, une forme, une histoire personnelle, il y a ce que vous êtes. Cela est disponible, cela est à notre portée. Cela est PAIX, dès maintenant.
Et rassurez-vous, même si cela reste encore une expérience empreint de dualité, d'un certain point de vue, comme nous le souffle un maître Zen, "il n'y a pas d'autre pratique que cette pratique ; il n'y a pas d'autre manière de vivre que cette manière de vivre"... Y.R.

Clercali a dit…

merci pour vos réponses, Y.R. et patrice,
il est vrai que la lecture de ce témoignage et de vos réponses m'aident en ce moment pendant la méditation, je les ai tellement lus et relus que certains passages reviennent tout seuls et favorisent une présence plus pleine, plus ouverte.
La difficulté est qu'il me faut sans cesse des stimulis de ce genre, que je cherche dans des lectures, des rencontres, ou même sur le net ! la preuve !...
j'ai des difficultés de concentration, et je vais faire quelques investigations du côté d'une éventuelle intoxication aux métaux lourds qui pourrait en être la cause.
une autre difficulté, est ce corps qui a tellement de mal à garder la posture...il faut dix bonnes minutes pour que le deuxième genou atteigne le sol, et au bout d'un moment, je suis tellement coincée que j'ai l'impression d'être un bloc de pierre, évidemment c'est pas terrible pour la respiration, et comme tout est lié, finie l'ouverture d'esprit. Quelque fois il y a dix minutes "magiques", quelques fois moins , mais tout de même un peu, quelque fois ce n'est que confusion, et quelque fois, ce n'est que envie de bouger et douleurs.
malgrès cela, les choses changent d'elles mêmes dans ma vie, deviennent plus fluides, plus de présence, plus d'ouverture, plus d'espace, plus de compréhension ...alors, ce serait juste ça l'éveil ? non, bien sûr !, mais puisque tout est déjà là ? un autre regard sur les choses ?...

Anonyme a dit…

"une telle rencontre avec l'indicible, une telle expérience d'ouverture dans l'absolu ne donne-t-elle pas l'envie d'y retourner et d'y rester ?"
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Un autre intervenant parle "d'addiction". Non, il ne s'agit pas d'addiction puisque ce terme fait relation aux pratiques compulsives de l'égo.

Sur le fait de rester dans l'expérience. J'imagine qu'une personne parfaitement éveillée y reste toujours.

D'après ce qu'on sait du Bouddha Sadarthi (qu'il ai existé ou qu'il soit fictif), c'est que son éveil est devenu complet, parfait, permanent et irréversible.

joaquim a dit…

Un témoignage exceptionnel, vraiment. Simple, limpide et humble. Exactement à l'image de l'éveil qu'il décrit. C'est pour cela qu'il est exceptionnel. Merci à vous deux, Y.R. l'auteur anonyme, et Patrice le webmaster, qui révèles toi aussi ces mêmes qualité en nous offrant cette foison de textes écrits par une multitude, sauf par toi-même. ;)

Anonyme a dit…

Cet "événement" peut effectivement arriver à n'importe qui..puisqu'il m'est arrivé!
Je n'ai aucune prédisposition particulière et ne fait partie d'aucun monvement spiirituel.
Je me trouvais par contre dans une phase de recherche intense et de compréhension du phénoméne religieux en lisant de nombreux ouvrages à la suite d'un moment de questionnement que chacun traverse à des degrés plus ou moins fort de son existence.
A la suite d'un "choc" qui n'avait rien de dramatique mais qui serait un peu long à expliquer en quelques lignes j'ai ressenti cet événement que vous appelez "éveil":
- J'étais assis tranquilement sur mon lit et en un instant qui m'a paru ...éternel j'ai eu l'impression de ne plus voir mon corps et de faire partie intégrante de ma chambre.
je voyais la chambre et j'avais l'impression d'être...cette chanbre.
Toute dualité avait en effet disparu.
Mon esprit ne m'appartenait plus et semblait "appartenir" à cette chambre.
(je mets des guillemets car les mots sont beaucoup trpo faibles pour traduire ce qui est en fait intraduisible).
je baignais dans un état de calme et de sérénité absolue.
Je ressentais une "joie" infinie sans commune mesure avec ce que l'on appelle communément la joie.
Inoubliable!
Aprés cet événement J'ai perdu tout sentiment d'égoïsme et d'égocentrisme, de stress et d'angoisse voire de peur de la mort.
J'étais si traumatisé par cet évenement que je n'en ai parlé à personne de peur de passer pour un fou ou un illuminé.
j'ai lu et relu des tas d'ouvrages pour comprendre ce que je n'arrivais pas à comprendre.
Je crois maintenant avoir pu entr'ouvrir très légèrement la porte de cette "compréhension".
Je me suis d'ailleurs senti obligé, après 10 ans de réflexion, de faire partager cette expérience dans un livre car je ne pouvais plus garder ce scret pour moi tout seul.
J'ajoute que je suis trés actif dans ma vie professionnelle et sociale et que je ne suis pas du tout perturbé par cette expérience. Mais je garde toujours au plus profond de moi-même ce momment inoubliable qui me donne certainement une force supplémentaire.
J'aimerais bien par contre savoir sur ce site si des lecteurs ont connu des expériences similaires?
Merçi d'en parler.

Anonyme a dit…

Bonjour Mitch, ton témoignage m'a fait plaisir et je voulais te souhaiter la bienvenue au club des touchés par la grâce...
Ce qui me reste c'est un sentiment de douceur, de paix et de tendresse infinie...
On ne trouve pas ce que l'on cherche , c'est ce que l'on trouve qui nous cherche depuis toujours.
Je suis heureux pour toi.

Anonyme a dit…

Bonjour Mitch, je me reconnais totalement dans ton témoignage, je me demande même si c'est pas moi qui l'ai écrit ! Non bien sur. J'aimerai beaucoup entrer en contact avec toi mais tu n'a pas laissé de mail, alors j'écris ici.
Après ma paisible expérience je n'en ai parlé à personne non plus, pour les mêmes raisons, et puis parce que je n'avais pas les mots pour le dire. Raconter son expérience avec des mots la salit un peu je trouve. Mais bon, c'est pratique pour s'exprimer.
Maintenant que les choses se sont tassé pour moi, je me dis que j'ai encore énormement de travail à faire sur moi. Malheuresement, cette belle expérience n'a pas fait de moi un bouddha plein de compassion. Elle m'a juste fait comprendre que j'étais névrosé, que quelqu'un qui ne connait pas l'éveil est en réalité complètement fou. C'est seulement quand on est en paix, tranquille avec soi-même et les autres qu'on est réellement là, et donc en bonne santé mentale.
Bonne continuation à toute et à tous, ne vous triturer pas trop la tête inutilement!

"la vie n'est qu'un long rire. elle ressemble parfois aux larmes ou à la douleur, mais ce n'est qu'illusion et tromperie. la vie n'est qu'un long rire."

Anonyme a dit…

Idem, merci pour vos témoignages; Cela nous arrive quand on se pose les bonnes questions sans aucune attente,alors on remonte a la source qui elle est pure.Conscience pure, ainsité...

Anonyme a dit…

Bonjour et merci pour ces textes et ces témoignages. Tout cela m'a beaucoup aidé à comprendre car j'ai fait une "expérience" similaire et merveilleuse dont je n'ai pas compris la nature immédiatement. Quand çà a commencé je ne savais pas ce qui se passait et j'ai eu très peur car je croyais que j'allais m'envoler ou me volatiliser, mais en même temps c'était très agréable. Je répétais sans arrêt "je vois" car je voyais tout avec une acuité incroyable. Peu à peu j'ai laissé tomber la peur. Tout était extrêmement net, limpide, contenu dans l'instant et l'espace, les mots "ici et maintenant" expriment cela, ce sont ceux qui me sont venus comme une évidence sur le moment. Ensuite je suis sortie, il faisait une nuit étoilée, et j'avais l'impression qu'il était possible de me rendre par l'intermédiaire du regard dans une petite ville à quelques kilomètres mais je n'ai pas osé le faire et de toute façon je n'en avais pas besoin. Regarder le paysage était largement suffisant car c'était merveilleux. Je baignais dans une joie, une paix indestructible, et en même temps avec une profonde affection amusée sur tout ce que je pouvais regarder ou me regarder faire. Cela a duré environ une demi-heure. C'est en en parlant à ma psy (que je remercie)la semaine suivante que j'ai compris qu'il s'agissait d'une expérience d'éveil, et c'est en "comprenant la nature" de ce qui s'est passé que cela a dissipé ma peur et changé ma vie. Sinon j'aurais fini par intégrer cette expérience comme un délire(très agréable)de mon psychisme et j'aurais perdu le bénéfice de la paix profonde de l'esprit.

Anonyme a dit…

Bonjour et merci pour ce très beau site.....
S'il m'est permis d'apporter un témoignage......
Vous me pardonnerez je n'ai pas reçu le don de l'écriture mais ce n'est peut-être pas le plus important.

Il y a une douzaine d'années alors que j'étais assis sur une chaise pendant une cérémonie d'adieu dans un crématorium, quelque chose d'indicible m'est arrivé.
Une paix sans nom, indescriptible, inénarrable m'a......comment dire, m'a traversé, pénétré, en un mot j'étais cette cette paix.
Paix avec moi, les autres, la vie, l'espace, tout quoi. Le temps s'était comme interrompu, adouci, c'était comme si il n'y avait plus de séparation entre les choses, les gens. le mental et l'émotion étaient au niveau zéro.
Joie, bonheur, sérénité, paix, oui c'est cela, une grande paix indicible, inconcevable qui traversait tout et ne faisait qu'un avec tout. Il est très difficiles de rendre compte de cela avec des mots....Non il n'est pas très difficile, il est impossible de rendre "ça" avec des mots.
Le souvenir même de "cela" n'est pas "cela".
Cela s'est reproduit une seconde fois, il y a environ 3 ou 4 ans, et à nouveau dans le tramway il y a quelques jours.
Je ne me sens pas capable d'en parler sachant le gouffre dramatique qu'il y a entre la "chose" vécue et l'imagination de l'orateur.
Encore merci à ce site d'être aussi riche.
Patrick, Nancy

Le voyageur a dit…

"Vivre dans le monde mais sans en faire partie"
L'illumination doit être "évidente" à atteindre dans un monastère. La difficulté consiste à braver les intempéries du matérialisme mais c'est la seule qui nous fortifie.
Les plantes en serre ne résistent pas longtemps.

Anonyme a dit…

bonjour, je voudrais partager une expérience que j'ai vécu hier qui m'as complètement bouleversé de par son intensité. en regardant le ciel entoilé à ma fenêtre je me suis mis à voir d innombrables lignes allant en tout sens, mais pourtant donnant une cohésion et un ordre incroyable pour un tel fouillis, dés lors je me suis senti en harmonie avec ces traits, mais aussi avec tt ce qui m'entourait, une communion incroyable avec l'environnement, je ressentais chaque vibration de chaque être (arbre, étoiles) et pour la première fois depuis des années j'ai pu ressentir à nouveau la signification de paix intérieur et de bonheur total. et puis de ces traits en sortait des sons, une mélodie qui semblait entrer dans chacun des pores de ma peau et qui est la plus merveilleuse qui m'ai été donné d'entendre. mon corps semblait se revivifier. c'était tout bonnement incroyable. après cela je ne voulais plus rentrer dans ma maison, j'étais "attiré" indéniablement vers mon jardin et sa petite nature, je ne voulais plus les quitter et rentrer dans ce monde bétonner. et depuis hier soir je me sens bien plus léger. je crois même que je peux dire que je suis heureux. tout mon état d'esprit en est chamboulé sans que je puisse expliquer cela. Y a t il une explication rationnelle à tout cela ? est-ce ceci que vous appeler éveil momentané ? est-ce que quelqu'un a déjà vécu ce type d'expérience ? svp aider moi car je veux comprendre ce qui s'est passé hier soir. je ne suis pas un illuminé, au contraire je suis de nature rationnelle, ce que j'ai vu défie tte rationalité. aidez moi.

joaquim a dit…

Bonjour Anonyme,

Si je peux te donner un conseil, puisque tu as reçu un cadeau, garde-le comme un cadeau, et n'essaie pas de le saisir par la pensée. Ce que tu as vécu est au-delà de la pensée. Vouloir le saisir, c'est comme saisir de l'air avec la main : elle se referme sur rien. Tu as besoin simplement d'avoir confiance. En toi et en cette réalité nouvelle — et pourtant éternelle — qui s'est révélée à toi. Une confiance qui soit assez forte pour que tu oses te passer de la sécurité de la pensée. La pensée viendra plus tard. Mais pour l'instant, profite de ce qui t'est offert. Sans arrière-pensée. ;)